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Cinéma

Cannes 2018 - Entretien avec Guillaume Senez, réalisateur de "Nos batailles"

Date de publication : 13/05/2018 - 08:50

Le deuxième long métrage du cinéaste franco-belge est projeté aujourd'hui en séance spéciale à la Semaine de la critique.

Comment présentez-vous "Nos batailles" ?
Si je devais résumer Nos batailles en une phrase, je dirai que c’est l’histoire d’un homme qui n’arrive pas à aider les gens qu’il aime.  

D'où vous est venue cette idée de film ?
Quand je préparais mon premier long métrage, Keeper, je me suis séparé de la mère de mes enfants. J'ai appris, comme Olivier dans le film, à vivre seul avec eux, à les regarder, à les entendre et à les comprendre. Ce fut une période fondatrice pour moi, en tant qu’homme mais aussi en tant que cinéaste. Il fallait que j’écrive là-dessus. J'ai visiblement encore des choses à dire autour du thème de la paternité. Après l’avoir traité sous l’angle adolescent dans Keeper, j'avais envie de l’incarner dans un personnage de mon âge, qui comme moi, cherche à trouver un équilibre entre un engagement professionnel et familial.  

Le scénario a été écrit avez Raphaëlle Desplechin. Avez-vous mis au point une méthode d’écriture ?
Raphaëlle et moi rêvions du même film, cela a donc été très facile d’écrire ensemble. Cette facilité est rare, mais elle fut généreuse. Nous étions dans l’écoute, dans le partage. Et nous souhaitions que cela se ressente dans le film.  

Sur quelles bases avez-vous choisi Romain Duris ?
C’est un acteur qui m’a toujours intrigué par sa capacité à se renouveler. C’est un acteur créatif et généreux. Je l’ai contacté très tôt, il n’y avait pas encore de scénario. Il avait vu et beaucoup aimé Keeper. Nous avons parlé de ma façon de travailler, je lui ai parlé de Nos batailles. La méthodologie de travail ainsi que l’histoire lui ont plu. Il s’est très vite positionné sur le film. M’a fait confiance.  

Vous avez tourné où et quand ?
Nous avons tourné cet hiver en région lyonnaise, en Isère plus précisément.  

Il semble que vous accordiez beaucoup de place à l'improvisation pour donner le maximum de liberté à vos comédiens. Vous pouvez décrire votre méthode de travail ?
La méthodologie est simple : une caméra à l’épaule qui suit l’action sans jamais la précéder, et qui laisse un maximum de liberté aux comédiens. Les dialogues ne leur sont pas donnés. Nous travaillons séquence par séquence. D’abord en improvisation, puis, petit à petit, en les accompagnant au plus près, nous arrivons ensemble aux dialogues sans qu’ils les reçoivent. Je sais où il faut arriver mais je ne sais pas comment on va y arriver. Mais ce qui m’intéresse, c’est d’y arriver ensemble. Trouver une spontanéité, une honnêteté ensemble. Tout le monde participe, les comédiens, mais aussi les techniciens, tout le monde est concerné. C’est un vrai travail d’équipe. 

À l’arrivée, le film est-t-il semblable à celui que vous aviez en tête au départ ?
L’objectif est toujours de faire un film meilleur que le scénario. Mais oui, entre le film fini et le scénario, malgré la méthode de travail, il y a très peu de différences. C’est aussi pour ça que je n’aime pas qu’on parle d’improvisation. L’improvisation n’est qu’une petite partie du processus. Je préfère parler de liberté de jeu.  

Qu'attendez-vous de cette sélection à la Semaine de la critique ?
C’est une œuvre très personnelle qui, comme trop souvent, a été compliquée à monter financièrement. Avoir la chance de montrer son film à la Semaine de la critique est une magnifique vitrine pour mettre le film en avant en attendant son exploitation. Il ne reste plus qu’à attendre que l’oiseau prenne son envol…

Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo : Claire Nicol


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