Cinéma

Cannes 2021 - Constance Meyer réalisatrice de "Robuste" : "J'ai écrit en ayant déjà choisi mes deux acteurs"

Date de publication : 07/07/2021 - 09:00

Associant Gérard Depardieu et Déborah Lukumuena, le film d’ouverture de la Semaine la Critique met en scène un duo d’une puissance émotionnelle troublante.

Pouvez-vous raconter votre parcours en quelques mots ?
J'ai d'abord travaillé dans le théâtre, en même temps que je finissais mes études d'histoire. Puis je suis partie vivre à New York où j'ai fait le master de cinéma de la Tisch School of the Arts à la New York University. Juste après, en rentrant en France, j'ai co-produit le court-métrage A Ciambra de Jonas Carpignano, qui était dans la même école que moi à New York. Mais mon expérience de productrice s'arrête là.
 
D’où vous viennent les envies de films ?
Mes envies de film partent souvent d'une image. J'ai en tête une image qui me reste, qui me hante en quelque sorte. Alors j'essaie de la développer en situation puis en scénario. Par exemple, pour le court-métrage Rhapsody, tout est parti de l'image d'un homme endormi à côté d'un bébé.
 
Quel est le point de départ qui vous a inspiré Robuste ?
Là aussi, une image : un homme robuste évanoui dans les bras d'une femme. Comme une image galante inversée. Et puis très vite, l'envie de filmer Gérard Depardieu et Déborah Lukumuena.
 
Comment présentez-vous le film en quelques mots ?
C'est l'histoire d'une rencontre. Entre un acteur de cinéma vieillissant et une jeune femme, agent de sécurité, qui doit partager son quotidien pendant un mois. 
 
Comment avez-vous construit le scénario ? Comment s’est passée la collaboration avec Marcia Romano ?
J'ai d'abord écrit une vingtaine de pages, qui correspondent au début du scénario, pour donner une sorte de souffle au projet. Puis j'ai beaucoup discuté avec Marcia Romano, que j'ai vue régulièrement pendant trois ou quatre mois, et j'ai écrit les étapes de la rencontre entre mes deux personnages. Une fois cette structure établie, j'ai écrit le texte assez vite.

A quelle étape avez-vous choisi vos acteurs  ? Très en amont ?
J'ai commencé à écrire en ayant déjà choisi mes deux acteurs. J'ai jusqu'à présent toujours écrit pour des acteurs en particulier, avant même de savoir s'ils seront d'accord. Ça me plonge dans une réalité. J'ai beaucoup de mal à écrire des personnages sans les rattacher à des personnes réelles. 

Vous aviez travaillé auparavant avec Gérard Depardieu dans un court métrage. Comment avez-vous noué contact avec lui ?
J'ai rencontré Depardieu lorsque je travaillais dans le monde du théâtre, puis j'ai écrit mon film de fin d'études pour lui et Marina Fois. Ils ont tous les deux accepté de jouer dans ce court-métrage. Puis j'ai tourné un deuxième court-métrage avec Depardieu et un bébé de 6 mois.

Ce long métrage avec lui était une évidence ?
L'idée de Robuste n'était pas une évidence, c'est une idée qui m'est venue alors que j'étais en train d'écrire un scénario complètement différent, un polar. Puis m'est venue cette autre envie. Quand j'ai terminé ma première version je l'ai envoyée à Gérard et à Déborah. Ils ont tous les deux aimé le scénario, et ça s'est fait comme ça.
 
Et comment avez-vous été amenée à choisir Déborah Lukumuena ?
J'avais découvert Déborah dans ses films et j'avais été touchée par sa puissance émotionnelle. Elle a quelque chose d'à la fois enfantin, viril et très féminin que je trouve passionnant. J'ai aussi écouté des entretiens d'elle et j'adorais sa façon très posée de parler, sa confiance, son aplomb. J'ai écrit le rôle d'Aïssa pour elle.
 
Comment les avez-vous dirigés sur le plateau ? Mis en confiance ?
Je crois que le rapport de confiance avec les acteurs doit exister avant le tournage. Je les ai dirigés de manière très simple. J'ai une idée de mise en scène pour une séquence, j'observe les déplacements et le rythme des acteurs pendant les répétitions, et je cherche avec mon chef opérateur la manière la plus juste de les envelopper. Je ne suis pas très bavarde et je crois beaucoup au rythme, je dis souvent : plus lent, plus vite, plus grave, plus doux.
 
Difficultés particulières ? Anecdotes de tournage ?
Le tournage s'est très bien passé, on était en plein deuxième confinement et nous avons vraiment eu l'impression de "passer entre les gouttes". Les difficultés étaient plutôt d'ordre technique à certains moments: le décor de la maison de Georges est entièrement vitré donc difficile à maitriser en termes de lumière et de reflets. Et les séquences d'aquarium nous ont valu de longues discutions avant le tournage: nous avons finalement tourné dans un studio et les poissons sont des VFX qui ont été fait en post-production par Mikros.

Qu’attendez-vous de cette sélection en ouverture de la Semaine de la Critique ?
L'ouverture de la Semaine de la Critique est une place magnifique pour montrer un premier film. J'ai le sentiment qu'il bénéficiera d'une vraie exposition, et qu'il sera entre de bonnes mains avec l'équipe de la Semaine de la Critique. Le 7 juillet, le film rencontrera son premier public. C'est très émouvant.  

Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo :


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