Cinéma

Congrès FNCF 2022 - Le Scare en ordre de marche

Date de publication : 21/09/2022 - 08:10

Le Syndicat des cinémas d'art, de répertoire et d'essai a profité de son assemblée générale, tenue ce mardi 20 septembre à Deauville en marge du Congrès, pour évoquer ses multiples projets, mais aussi et surtout faire le point sur les grands dossiers du moment, fréquentation fragilisée, crise énergétique et réforme de l'art et essai en tête.

Comme de coutume depuis 2020, le Scare a profité du Congrès de la FNCF pour organiser son assemblée générale annuelle, tenue le mardi 20 septembre à Deauville. Et, à l’instar de sa précédente édition, le panorama est loin d’être réjouissant. "Cette année 2021 fut à nouveau marquée par des turbulences sanitaires, accentuant certains facteurs qui se dessinaient déjà avant la crise. Ainsi, on constate une polarisation et une concentration des entrées sur un nombre très restreint de films, principalement sur les week-ends, avec des difficultés accrues, récurrentes et inquiétantes sur les résultats des films de la diversité", a ainsi rappelé Stéphane Libs, coprésident du Scare, en introduction du rapport moral du syndicat, lu conjointement avec sa coprésidente Christine Beauchemin-Flot.
 
A cela "s’ajoutent des effets conjoncturels : décalages répétés de sorties de films, absence de films porteurs américains (…), sorties directement en VàD, comme en témoignent de tristes et préoccupants récents exemples du côté de Disney, mais aussi d’auteurs art et essai comme Iñàrritu ou Noah Baumbach (…), essor des plateformes et de nouvelles pratiques de visionnement, piratage dont les effets demeurent désastreux sur la fréquentation..." Aussi, "c’est ainsi toute l’économie du secteur qui est en danger : auteurs, producteurs, réalisateurs, distributeurs et… salles de cinéma", a alerté le Scare, qui "déplore qu’un élan solidaire et collectif ne nous ait pas permis de mieux réfléchir ensemble afin d’appréhender plus intelligemment le nombre croissant de films et d’envisager une régulation concertée de leurs sorties, alors que l’autorité de la concurrence en avait laissé la possibilité, certes sous conditions strictes".
 
Pour autant, "les regrets doivent au contraire laisser place à de nouveaux espoirs", estime le syndicat, qui entend en conséquence se tourner "vers les actions en cours et l’avenir". Avec plusieurs dossiers cruciaux à traiter, au premier rang desquels le classement art et essai. Ainsi, si le Scare "salu[e] la décision du CNC, prise en accord avec les organisations de l’exploitation, de reconduire à l’identique en 2021, pour une troisième année consécutive, les montants attribués à chaque salle lors du classement 2019", en revanche, il "déplor[e] chaque année un écrêtement qui perdure au fil des ans, malgré une enveloppe renforcée pendant la crise, qui pèse sur les salles les plus engagées et exigeantes". Et l'organisation d’enfoncer le clou. "Cette année, le nouveau classement l’a encore démontré de manière criante. Des effets d’aubaine induits par la période que nous venons de traverser, certes riche en films art et essai comparativement aux films généralistes et américains, ont profité à un plus grand nombre de salles, alors que certaines ont vu leurs subventions baisser après l’écrêtement, malgré une mobilisation exemplaire en faveur des oeuvres les plus ambitieuses et malgré parfois des coefficients en progression".
 
Aussi le syndicat est-il "ravi que, dès que les urgences liées à la crise sanitaire ont été moins pressantes, le CNC ait remis l’ouvrage sur le métier pour opérer une révision du classement que nous appelions de nos voeux depuis plusieurs années, regrettant que les nouveaux critères ne rendent pas suffisamment justice à certaines salles. Nous travaillons activement à cette révision et portons les revendications que nous avions déjà défendues lors de la précédente réforme : l’importance de la sélectivité, de l’exigence, de l’animation. Cette enveloppe fermée n’est plus à la hauteur du travail exigé par le CNC".
 
Evoquant ensuite les problématiques liées à la "hausse drastique de nos charges d’électricité et de gaz", le syndicat a également pointé un autre dossier prioritaire : "l’urgence climatique", entre nécessaire remplacement du matériel de projection et obligation prochaine de "répondre aux objectifs de réduction de la consommation énergétique exigés par le décret tertiaire". En effet, "les obligations vont peser particulièrement pour nos salles, généralement plus anciennes, et nécessiteront des efforts plus importants que pour les nouveaux établissements qui répondent déjà à certaines normes. Mais il s’agit d’un investissement sur le long terme qui ne sera que bénéfique pour nos salles et notre avenir", nuance le syndicat.
 
En conséquence, et alors que des inquiétudes persistent parallèlement "pour [les salles] qui sont confrontées à des situations financières inextricables", le Scare estime que "plus que jamais, nous avons besoin du soutien nécessaire de nos tutelles, mais aussi de la mobilisation des collectivités, des Régions, des Départements, des Communautés de communes et des Villes pour préserver le formidable maillage de notre territoire dont la richesse et la diversité de l’exploitation n’ont aucune égale en dehors de nos frontières, avec une attention toute particulière pour les plus fragiles d’entre nous".
 
Tout cela avec, in fine, un défi majeur, qui sera d'ailleurs au coeur de la table-ronde organisée par la FNCF ce mercredi matin : la reconquête des publics, "gageure que notre nouvelle ministre de la Culture n’a pas manqué de souligner et dont nous attendons les propositions concertées, notamment à l’occasion d’une prochaine campagne de communication", laquelle devrait justement être présentée par Rima Abdul-Malak ce mercredi après-midi à l'occasion du Débat avec les pouvoirs publics.
 
Une révision du classement art et essai en 2023
 
Alors que la baisse de la fréquentation et les problématiques énergétiques ont agité les comptes-rendus des trois commissions de branche tenus durant le Forum de discussion à peine quelques heures plus tôt, aucun sujet "politique" n'a été abordé lors des rares prises de parole de la salle, à l'exception d'un, notable : la révision du classement art et essai, consécutive à la réforme art et essai de 2017.  "Nous avons présenté à tout le monde le bilan de la réforme, qui constituait la première étape. Maintenant que tout le monde est informé au même niveau de connaissance que nous, l'idée est d'entamer des concertations plus précises sur les mesures et les évolutions. Nous n'avons pas de timing précis, cela va dépendre de l'ambition que nous voulons y donner, tous ensemble", a répondu Magali Valente, directrice du cinéma du CNC. Et d'évoquer l'échéance de "2023 dans tous les cas", voire même "le premier semestre 2023 si l'on est ambitieux".
 
Le reste des échanges a essentiellement porté sur les deux projets structurants développé autour de la data par le Scare. D'un côté, un projet de collecte data, en phase de finalisation juridique. De l'autre, un portail collaboratif des salles art et essai, en cours d'élaboration pour sa part. Il est en outre à noter que le Scare a élaboré des propositions, notamment avec le GNCR, sur la loi régissant l’aménagement cinématographique du territoire, qui "comporte de nombreux points qui ne sont plus adaptés aux enjeux actuels ou dont la rédaction doit être précisée". Dans ce cadre, "l'ensemble des organisations professionnelles de l’exploitation (FNCF, AFCAE, GNCR) se sont accordées sur un grand nombre d’entre elles, qui ont fait l’objet d’une proposition de rédaction par le CNC", a fait savoir le syndicat.

Kevin Bertrand
© crédit photo : DR


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