Cinéma

Cannes 2024 – Jonas Trueba réalisateur de "Septembre sans attendre" : "Je dirais que le film est une comédie quelque peu paradoxale"

Date de publication : 22/05/2024 - 10:30

Huitième film de Jonas Trueba, Septembre sans attendre, sélectionné à la Quinzaine, et qui constitue une première coproduction avec la France pour le cinéaste, raconte l’histoire d’un couple qui décide d’organiser une fête pour célébrer sa séparation.

Comment présenter Septembre sans attendre ?
Je dirais qu'il s'agit d'une comédie quelque peu paradoxale. Il s'agit d'un couple qui prévoit de se séparer après de nombreuses années, mais qui veut éviter de le faire dans le drame, devant ses amis et ses proches. Un peu comme le film lui-même le fait avec les spectateurs.

D'une manière générale, comment vous viennent les idées pour vos films ?
Je base toujours mes idées sur des choses que j'entends, qui font partie de mon environnement quotidien. Les conversations, les expériences... Cette idée de la fête de rupture, nous en parlions depuis des années, mais au bout du compte, presque personne ne se voit capable de faire quelque chose comme ça. Il y a généralement trop de tristesse en jeu. Les films nous aident donc à faire des choses que nous n'osons pas faire dans la vie réelle. Je pense qu’ils peuvent nous rendre meilleurs

Comment s'est déroulé le processus d'écriture ?
Dès le début, j'ai su qu'Itsaso Arana et Vito Sanz joueraient le couple principal, et j'ai donc proposé qu'ils soient impliqués dans l'ensemble du processus créatif. En général, j'aime considérer les acteurs comme de véritables complices et collaborateurs. Mais dans le cas présent, ils m'ont aidé à penser, à structurer et à dialoguer l'ensemble du film. Cela signifie qu'ils comprennent ce que nous faisons à plusieurs niveaux, et pas seulement à partir de leurs personnages respectifs. Ils y prennent plus de plaisir, mais y gagnent aussi beaucoup de responsabilités. Sur le plateau, cela m’aide beaucoup car je me sens bien mieux accompagné.

Des étapes particulières durant le développement du film ?
L'ensemble du processus de création s'est déroulé très rapidement, ce qui n'est pas vraiment habituel, compte tenu des délais de production au cinéma, qui ont tendance à être longs. Ici, entre le moment où j'ai eu l'intuition du film que je voulais faire et tout le processus d'écriture, de financement, de tournage et de montage, il ne s'est écoulé qu'un an. C'est peut-être ce qui a été le plus particulier.

Vous produisez jusqu’ici vous-même vos films... Comment avez-vous rencontré votre coproductrice Sylvia Pialat ?
Avec Los ilusos films, ma société de production créée avec Javier Lafuente, nous avons toujours travaillé de manière indépendante et selon des paramètres de petit budget, mais sans avoir l'impression de manquer de quoi que ce soit. Nous avons adapté chaque film à nos moyens de manière réaliste, en essayant de dépendre avant tout de nous-mêmes. Septembre sans attendre est notre premier film en coproduction, et cela s'est fait naturellement, grâce à Alejandro Arenas, qui est le partenaire de Sylvie Pialat et qui connaissait notre travail. J'ai toujours admiré Sylvie pour son travail de productrice et de cinéaste. C'est un luxe d'avoir Les films du Worso comme compagnon de route.

Où et quand avez-vous tourné ?
L'ensemble du film a été tourné dans la ville de Madrid, à la fin de l'été et au début de l'automne 2023. 

Étiez-vous à la recherche d'un décor ou d'une atmosphère particulière ?
Nous aimons tourner dans des lieux que nous connaissons bien. Parfois, il s'agit d'espaces que nous avons déjà montrés dans des films précédents. Ce n’est pas un problème répéter, car ce n'est jamais la même chose. L'atmosphère de la fin de l'été était importante. Ce moment où l’on sent que quelque chose se termine et que quelque chose de nouveau arrive. C'est ce qui donne le ton au film.

Avez-vous développé une méthode de travail qui vous soit propre ?
Je ne sais pas si j'ai une méthode. Je dirais peut-être que l'implication que je mets dans la conception de la production peut s’apparenter à un style. Mais fondamentalement, j'essaie de bien équilibrer tous les choix que je fais en tant que réalisateur. Après tout c'est mon métier. Bien choisir acteurs et techniciens, les lieux, les décors, les problématiques techniques. Et en faire un bon mariage.

Y a-t-il eu des difficultés particulières pendant le tournage ?
Nous avons commencé le tournage par une chaleur de 40º et nous avons fini en dessous de zéro avec des manteaux et beaucoup de pluie. Nous étions à peine en automne mais avions l'impression d'être au plus fort de l'hiver. Je pense que nous avons réussi à intégrer ces écarts de température dans le film

Quand avez-vous terminé le film ?
Début novembre 2023.

La Quinzaine des Cinéastes est-ce un bon endroit pour votre film ?
J'aime la Quinzaine pour son histoire et parce qu'elle n'est pas compétitive et ne semble pas soumise au glamour, aux grands noms ou aux célébrités du cinéma. La Quinzaine s'engage auprès d'un grand nombre de cinéastes inconnus venant de différents endroits et de différentes sensibilités. J'aime en faire partie. J'espère qu'elle aidera le film à trouver de bonnes options de distribution dans des pays que nous avons du mal à atteindre.

Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo : DR


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