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Cinéma

Cannes 2025 – Danzuka Yuiga réalisateur de "Brand New Landscape" : "Tokyo est l’une des villes les plus difficiles pour les tournages en extérieur"

Date de publication : 15/05/2025 - 09:01

Pour ce premier film, Danzuka Yuiga, qui est le plus jeune cinéaste japonais jamais sélectionné à la Quinzaine des Cinéastes, livre une chronique intimiste tournée en grande partie dans le quartier mythique de Shibuya.

Quel est le point de départ du film ?
Étant moi-même originaire de Tokyo, j’éprouvais, depuis un certain temps des émotions complexes et indescriptibles face aux changements beaucoup trop rapides de cette ville. Quand mon malaise vis-à-vis de l’urbanisation s’est mêlé à un autre plus intime lié à ma propre famille, j’ai senti que ce film devait exister. Il s’agit donc d’un sujet à la fois personnel, universel et contemporain.

Vous avez écrit le scénario seul ?
Oui, c’est un scénario original que j’ai écrit moi-même. Je suis parti d’un long synopsis que j’ai développée pendant environ un an et demi, pour finalement aboutir à la seizième version du script.
 
Comment avez-vous constitué votre casting ?
J’ai d’abord trouvé l’acteur du rôle de Ren, le personnage principal. Kōdai Kurosaki, qui est un ami, s’est immédiatement imposé comme une évidence. Il incarne parfaitement cette figure contemporaine, en phase avec notre époque. Pour moi, lui seul pouvait la représenter. Il était donc plus que digne de porter ce film. Pour le rôle du père, j’ai fait appel à un vétéran, l’acteur Kenichi Endō. Dans le scénario, ce personnage semble autoritaire et à l’ancienne. Mais je voulais qu’il apparaisse comme un homme qui incarne une forme de masculinité intériorisée, tout en étant paradoxalement "attachant", si je peux m’exprimer ainsi. Pour moi, seul Kenichi Endō était capable de rendre toutes ces nuances.

Cherchiez-vous des décors, une atmosphère particulière pour tourner ?
Nous avons tourné en deux temps : d’abord trois jours en août 2024, puis une vingtaine de jours en janvier 2025. Toute la partie qui se déroule à Tokyo a été tournée dans le vrai quartier de Shibuya. Nous avons privilégié les lieux qui gardaient la mémoire et l’odeur de la ville et qui offraient une profondeur visuelle intéressante pour la caméra.

Avez-vous mis au point une méthode de travail précise ?
C’est non seulement mon premier long-métrage, mais c’est aussi le premier rôle principal pour l’acteur Kurosaki. D’autre part, plusieurs membres importants de l’équipe — le producteur Kenji Yamagami, les équipes du son, des costumes, du montage etc. — ont fait également leur première expérience sur un long-métrage. La majorité de l’équipe avait la vingtaine. C’était donc une équipe jeune, mais vraiment professionnelle et animée d’une grande sincérité. J’ai fait en sorte de ne pas rester figé sur mes plans initiaux et d’être ouvert aux belles idées que l’équipe et les acteurs proposaient sur le plateau.

Quelles ont été les difficultés de tournage sur place ?
On dit que Tokyo est l’une des villes les plus difficiles pour les tournages en extérieur. Cependant, il était essentiel de tourner en décors réels pour rendre la ville vivante et authentique à l’écran. Je suis très reconnaissant envers l’équipe de production qui a su trouver des solutions. Je me souviens particulièrement de la scène vers la fin du film où Ren et Emi discutent sur une passerelle. Le lieu initialement prévu s’est retrouvé en travaux juste après le début du tournage. Grâce aux efforts de la production, nous avons pu filmer à côté de la passerelle en chantier. Tourner en plein cœur d’un Tokyo en pleine transformation a été une expérience unique et vraiment caractéristique de ce film.

Quand le film a-t-il été terminé ?
Le 30 avril 2025.

A l’arrivée est-il semblable à ce que vous aviez imaginé au départ ?
Le film a beaucoup évolué du tournage au montage. Et je considère que c’est une bonne chose. L’une des plus grandes joies du cinéma, c’est de voir éclore des idées qui n’étaient pas prévues grâce à la collaboration avec les autres membres de l’équipe.

Qu'attendez-vous de cette sélection à la Quinzaine ?
Le fait que ce film soit présenté à la Quinzaine des Cinéastes, une section connue pour son exigence artistique et sa mise en avant des aspects singuliers, me semble idéal. Des cinéastes que j’admire y ont été sélectionnés, c’est donc un immense honneur pour moi. Comme c’est mon tout premier long-métrage, je suis un peu stressé de savoir quelles seront les réactions du public international. Mais mon envie d’y prendre du plaisir l’emporte sur tout le reste.

Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo : DR


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