
Cannes 2025 – Louise Hémon réalisatrice de "L’engloutie" : "Comme dans un western, une étrangère débarque dans un village inhospitalier"
Date de publication : 15/05/2025 - 11:00
Tourné l’hiver en pleine montagne, son film, qui puise son inspiration dans ses origines familiales tout en abordant des problématiques très actuelles, est présenté à la Quinzaine des Cinéastes.
Comment décririez-vous L’engloutie en quelques mots ?
En une image ? Un hiver glacial à l’aube du XXe siècle. Une montagne blanche. Une jeune institutrice en robe noire au pied d’une avalanche, qui dit, face au mystère qui la dépasse : « Comment ça, on ne peut rien savoir ? ». Une créature cartésienne plongée dans l’irrationnel, jusque dans sa chair.
D’où vous est venue l’idée de ce film ?
Du côté de ma mère, je suis issue d’une famille dauphinoise où se sont succédé plusieurs générations d’institutrices, envoyées pour leur premier poste dans des villages alpins reculés, coupés du monde par la neige et la glace... On m’a transmis leurs récits et mon imaginaire y a donc baigné. Comme dans un western, une étrangère débarque dans un village inhospitalier et va devoir s’imposer : c’est un bon début !
En une image ? Un hiver glacial à l’aube du XXe siècle. Une montagne blanche. Une jeune institutrice en robe noire au pied d’une avalanche, qui dit, face au mystère qui la dépasse : « Comment ça, on ne peut rien savoir ? ». Une créature cartésienne plongée dans l’irrationnel, jusque dans sa chair.
D’où vous est venue l’idée de ce film ?
Du côté de ma mère, je suis issue d’une famille dauphinoise où se sont succédé plusieurs générations d’institutrices, envoyées pour leur premier poste dans des villages alpins reculés, coupés du monde par la neige et la glace... On m’a transmis leurs récits et mon imaginaire y a donc baigné. Comme dans un western, une étrangère débarque dans un village inhospitalier et va devoir s’imposer : c’est un bon début !
Vous avez écrit le scénario avec Anaïs Tellenne, en collaboration avec Maxence Stamatiadis. Quelles furent les différentes étapes ?
Cette co-écriture est pour moi une histoire forte d’amitiés. Je me suis liée à Anaïs en résidence d’écriture au Groupe Ouest alors qu’elle écrivait L’Homme d’argile. Je l’ai embarquée dans l’aventure de L’Engloutie car nous avions le même appétit des contrastes forts, entre lyrisme et grotesque, et de l’économie de dialogues. Mon ami cinéaste Maxence nous a rejointes pour la dernière version de scénario. Comme moi, c’est un fan absolu du roman Un Roi sans divertissement de Jean Giono. Donc écrire un huis-clos sous la neige, dans un climat de mystère, ça lui parlait et il m’a aidé à resserrer le scénario, aller à l’os.
Un long cheminement ?
C’est un premier long-métrage donc nous avons pris le temps des résidences (Groupe Ouest, Emergence, Atelier Grand Nord), des aides à l’écriture et au développement (Région Sud, Beaumarchais-SACD, CNC, Ciclic) et des prix et autres coups de projecteur (Fondation Gan, Les Prix du Scénario, le Village de coproduction des Arcs) ... pour mettre toutes les chances de notre côté.
Comment avez-vous rencontré vos producteurs ?
C’est la productrice Margaux Juvénal qui a entendu parler du projet via le Groupe Ouest et qui m’a contactée. Elle créait à ce moment-là la société Take Shelter. J’ai tout de suite senti qu’elle voyait le même film que moi, pas un autre. Et j’avais l’impression qu’elle y croyait encore plus que moi. Elle me montrait que le film allait se faire. Il existait déjà pour elle. De manière très concrète. Ça a été le déclic.
Un long cheminement ?
C’est un premier long-métrage donc nous avons pris le temps des résidences (Groupe Ouest, Emergence, Atelier Grand Nord), des aides à l’écriture et au développement (Région Sud, Beaumarchais-SACD, CNC, Ciclic) et des prix et autres coups de projecteur (Fondation Gan, Les Prix du Scénario, le Village de coproduction des Arcs) ... pour mettre toutes les chances de notre côté.
Comment avez-vous rencontré vos producteurs ?
C’est la productrice Margaux Juvénal qui a entendu parler du projet via le Groupe Ouest et qui m’a contactée. Elle créait à ce moment-là la société Take Shelter. J’ai tout de suite senti qu’elle voyait le même film que moi, pas un autre. Et j’avais l’impression qu’elle y croyait encore plus que moi. Elle me montrait que le film allait se faire. Il existait déjà pour elle. De manière très concrète. Ça a été le déclic.
Comment avez-vous constitué votre casting ?
En premier m’est venue l’envie de travailler avec Galatea Bellugi car sa prestation dans le film Une apparition de Xavier Giannoli m’avait durablement marquée. Avec Marie Cantet, la directrice de casting, nous avons lancé un grand et long casting sauvage dans les Hautes-Alpes pour constituer la communauté de montagnards qui lui ferait face. En parallèle, nous avons choisi d’autres acteurs professionnels (Matthieu Lucci, Samuel Kircher, Sharif Andoura) car j’avais envie de créer une dynamique fertile au sein de ce groupe. Les pros avaient la connaissance des tournages, les non-pro avaient la connaissance de la montagne. Ça les a mis sur un pied d’égalité qui était beau à filmer.
Le film a été tourné principalement dans les Hautes-Alpes. Vous cherchiez des décors, une ambiance précise ?
Je connais très bien les Hautes-Alpes car ma famille y vit et j’y ai déjà tourné. C’était pour moi une évidence car j’ai besoin d’avoir un paysage dans l'œil pour pouvoir le filmer, le mettre en scène. Il y a peu de tournages dans cette partie des Alpes, très préservée, encaissée et rocheuse. C’est cette ambiance que je voulais pour le film. Une nature jamais bucolique, intranquille.
Avez-vous mis au point une méthode de travail particulière ?
C’est le froid qui donnait le La sur le plateau. Je crois que les conditions extrêmes ont aidé les acteurs, qu’ils soient professionnels ou non. Le vent qui gèle le nez, la neige dans laquelle on s’enfonce ou glisse, ça engage le corps. Leur jeu est marqué d’une incarnation immédiate. Idem à l'intérieur des maisons, peuplées d’animaux : ça crée une présence organique, un surplus de vie. Tout est habité. J’aime travailler avec le réel, avec ce qu’on ne peut pas maîtriser, et en faire la matière dont je vais tirer le romanesque.
Des difficultés particulières durant le tournage ?
Avec le réchauffement climatique, on a dû tourner plus haut que prévu, à près de 2000 mètres d’altitude, pour être sûrs d’avoir un bon niveau de neige. Le décor était difficile d’accès et la météo, comme toujours en montagne, imprévisible ! Ce tournage, c’était vraiment l’art de l’adaptation pour l’équipe et pour moi. Mais mon expérience dans le documentaire m’a appris que les contraintes et l'imprévu peuvent rendre inventif. Heureusement nous avons été fort bien accueillis par les Hauts Alpins à toutes les étapes du tournage, ce qui a aussi rendu l’aventure très chaleureuse !
Quand le film a-t-il été terminé ?
J’ai terminé la post-production mi-mars 2025, un an après avoir fini le tournage.
A l’arrivée est-il semblable au film que vous aviez imaginé au départ ?
Des prémices de l’écriture jusqu’au mixage son, le film est passé par le tamis de tellement de cerveaux, de tellement de talents différents, qu’il ressemble aux rencontres que j’ai faites, avec les collaboratrices et collaborateurs qui ont bien voulu faire un bout de chemin avec moi. Une longue ascension pour venir à bout de cette montagne ! Une aventure qui m’a remplie de joie. Je n’en tire aucune frustration.
Qu'attendez-vous de cette sélection à la Quinzaine ?
Je suis plus qu’heureuse, c’est merveilleux ! Tous les comédiens amateurs vont se joindre à nous, ils descendent des Hautes Alpes pour la projection. Ils ne sont jamais venus à Cannes et moi non plus. On va découvrir le festival ensemble !
En premier m’est venue l’envie de travailler avec Galatea Bellugi car sa prestation dans le film Une apparition de Xavier Giannoli m’avait durablement marquée. Avec Marie Cantet, la directrice de casting, nous avons lancé un grand et long casting sauvage dans les Hautes-Alpes pour constituer la communauté de montagnards qui lui ferait face. En parallèle, nous avons choisi d’autres acteurs professionnels (Matthieu Lucci, Samuel Kircher, Sharif Andoura) car j’avais envie de créer une dynamique fertile au sein de ce groupe. Les pros avaient la connaissance des tournages, les non-pro avaient la connaissance de la montagne. Ça les a mis sur un pied d’égalité qui était beau à filmer.
Le film a été tourné principalement dans les Hautes-Alpes. Vous cherchiez des décors, une ambiance précise ?
Je connais très bien les Hautes-Alpes car ma famille y vit et j’y ai déjà tourné. C’était pour moi une évidence car j’ai besoin d’avoir un paysage dans l'œil pour pouvoir le filmer, le mettre en scène. Il y a peu de tournages dans cette partie des Alpes, très préservée, encaissée et rocheuse. C’est cette ambiance que je voulais pour le film. Une nature jamais bucolique, intranquille.
Avez-vous mis au point une méthode de travail particulière ?
C’est le froid qui donnait le La sur le plateau. Je crois que les conditions extrêmes ont aidé les acteurs, qu’ils soient professionnels ou non. Le vent qui gèle le nez, la neige dans laquelle on s’enfonce ou glisse, ça engage le corps. Leur jeu est marqué d’une incarnation immédiate. Idem à l'intérieur des maisons, peuplées d’animaux : ça crée une présence organique, un surplus de vie. Tout est habité. J’aime travailler avec le réel, avec ce qu’on ne peut pas maîtriser, et en faire la matière dont je vais tirer le romanesque.
Des difficultés particulières durant le tournage ?
Avec le réchauffement climatique, on a dû tourner plus haut que prévu, à près de 2000 mètres d’altitude, pour être sûrs d’avoir un bon niveau de neige. Le décor était difficile d’accès et la météo, comme toujours en montagne, imprévisible ! Ce tournage, c’était vraiment l’art de l’adaptation pour l’équipe et pour moi. Mais mon expérience dans le documentaire m’a appris que les contraintes et l'imprévu peuvent rendre inventif. Heureusement nous avons été fort bien accueillis par les Hauts Alpins à toutes les étapes du tournage, ce qui a aussi rendu l’aventure très chaleureuse !
Quand le film a-t-il été terminé ?
J’ai terminé la post-production mi-mars 2025, un an après avoir fini le tournage.
A l’arrivée est-il semblable au film que vous aviez imaginé au départ ?
Des prémices de l’écriture jusqu’au mixage son, le film est passé par le tamis de tellement de cerveaux, de tellement de talents différents, qu’il ressemble aux rencontres que j’ai faites, avec les collaboratrices et collaborateurs qui ont bien voulu faire un bout de chemin avec moi. Une longue ascension pour venir à bout de cette montagne ! Une aventure qui m’a remplie de joie. Je n’en tire aucune frustration.
Qu'attendez-vous de cette sélection à la Quinzaine ?
Je suis plus qu’heureuse, c’est merveilleux ! Tous les comédiens amateurs vont se joindre à nous, ils descendent des Hautes Alpes pour la projection. Ils ne sont jamais venus à Cannes et moi non plus. On va découvrir le festival ensemble !
Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo : DR
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