
Alain Sussfeld s'exprime sur l'opération Canal+ - UGC
Date de publication : 22/09/2025 - 15:14
L'administrateur d'UGC, invité dans l'émission Soft Power de France Culture, a commenté la fréquentation actuelle, la stratégie du groupe UGC et son rapprochement avec Canal+.
Pour la première fois depuis l'annonce des négociations exclusives entre Canal+ et UGC pour une entrée au capital du premier dans le conde, un dirigeant d'UGC s'est exprimé publiquement en la personne d'Alain Sussfeld. "Canal+ pourrait prendre 34 % de la société [sous réserve de validation des institutions représentatives du personnel]. Nous resterons majoritaires pendant deux ans et demi. À cette échéance, si l’Autorité de la concurrence donne son feu vert, ils prendront le contrôle total du capital. J’en suis très heureux, pour deux raisons. D’abord, nos actionnaires historiques avaient besoin de rebondir; ils sont tous âgés, et je suis le plus jeune d’entre eux. Par ailleurs, Canal+ est un actionnaire de référence sur dans le long terme. Quand nous avons bâti et développé cette entreprise pendant tant d’années, en assurer la pérennité est un devoir.
Interrogé sur une éventuelle évolution de la ligne éditoriale à la suite de ce rapprochement, Alain Sussfeld a réagi : "De par mon expérience avec Canal+, je sais qu’il est industriellement impossible d’imposer une ligne éditoriale ou de faire triompher une idéologie : dans leur métier comme dans le nôtre, il faut obligatoirement montrer toute la diversité."
Lors de son intervention, il a aussi rappelé la politique des salles UGC. "lI ne faut jamais oublier que la stratégie globale d’UGC repose sur l’abonnement. Le problème du rapport entre culture et argent survient quand dépense et choix coïncident : on adopte alors des choix conservateurs. En revanche, lorsqu’on dissocie l’achat du choix, le mécanisme devient simple. Peu à peu, on investit plus que son temps, on ose aller voir autre chose, découvrir, et élargir son spectre de références. Notre politique générale est de s'adresser aux clients réguliers. Pour les autres spectateurs, nous proposons aussi des politiques tarifaires. Je considère les cartes illimitées comme une innovation centrale dans notre stratégie globale et un élément majeur de l'appui de la diversité de l'offre en France."
Le dirigeant a également interrogé sur la fréquentation actuellement morose : "Depuis six-huit mois, il y a une véritable frustration sur l'absence réelle d'attractivité. C'est incontestable. Nous sommes dans une situation où dès qu'une œuvre peut parler à toutes les catégories de public, on voit bien que les gens reviennent y compris la semaine dernière où il faisait un temps sublime [...] Je n’ai pas d’espoir, j’ai de la conviction [pour un retour de la fréquentation]. Le problème est avant tout celui de l’offre. Depuis 2020, deux événements majeurs ont bouleversé le secteur : le Covid, avec 300 jours de fermeture des salles, et la grève d’Hollywood qui a bloqué la sortie des films. Nous sommes en train d’en terminer les effets. En 2024, nous avons réalisé les meilleurs résultats mondiaux en termes de rapport nombre de clients / population. La production française a généré trois millions d'entrées de plus par rapport à la moyenne 2017-2019. Le cinéma américain a réalisé 36 millions d'entrées en moins. Je suis extrêmement clair. L'appétit est incontestable." Il précise : "Notre défi central est clair : réussir à faire revenir les spectateurs plus régulièrement, alors qu’ils sont aujourd’hui plus occasionnels. Cela favorise la concentration du marché. Sur le long terme, il est essentiel que l'ensemble de la diversité fonctionne."
Florian Krieg
© crédit photo : DR
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