Cinéma

Congrès FNCF 2025 - Richard Patry appelle les pouvoirs publics à se mobiliser

Date de publication : 25/09/2025 - 08:01

En introduction au débat avec les pouvoirs publics, le président de la FNCF a particulièrement soutenu les inquiétudes des exploitants, réunis au CID à Deauville, et mis en garde les institutions face au risque de crise plus générale qui pèse sur la filière.

“Quand nous portons un regard sur l’année écoulée, je suis frappé par un contraste saisissant”, commence Richard Patry en introduction au débat avec les pouvoirs publics, organisé le 24 septembre à l’occasion du 80e Congrès FNCF. Ouvert par le président de la fédération, ce débat réunissait Marc-Olivier Sebbag, délégué général de la FNCF, Gaëtan Bruel, président du CNC, Olivier Henrard, directeur général délégué du CNC, Lionel Bertinet, directeur du cinéma (CNC), et Catherine Verliac, directrice adjointe du cinéma (CNC).
 
S’il applaudit “huit mois formidables de fréquentation” en 2024, avec des résultats dépassant ceux de 2019, Richard Patry ne néglige pas, à l’inverse, la baisse de fréquentation depuis février 2025, qui atteint 15% en moyenne. Une diminution qui participe, entre autres, à “un climat de morosité et de doute peu propice à notre activité”.
 
"La pire semaine depuis 30 ans"
“En valeur absolue, nous sommes revenus au niveau de l’an 2000”, affirme-t-il face au public, en rappelant que cette baisse conséquente touche toutes les catégories de salles. Pour cause : une crise de l’offre, déplore-t-il, rappelant la difficulté qu’ont certains films à trouver leur public. Contrairement aux films américains, les films français sont à la peine. En effet, là où Un p’tit truc en plus et Le comte de Monte-Cristo cumulaient à eux deux plus de 20M d’entrées l’année passée, l’année 2025 n’offre aucun résultat comparable.
 
“D’après Comscore, la semaine du 3 septembre a été la pire semaine pour un mois de septembre depuis 30 ans”, déclare le président. Il souligne cependant que la suivante, celle du 10 septembre, a été “la meilleure”. Pour justifier cet écart conséquent entre les deux périodes (qui s’élève à 1,3 million d’entrées d’après les chiffres de CBO Box Office), Richard Patry pointe du doigt l’offre. Car s’il reconnaît que la fréquentation connaît des cycles de production et de distribution “en dents de scie”, il admet également l’envie des français de se rendre en salle, en s’appuyant sur la réussite de la Fête du cinéma, qui a attiré cette année plus de trois millions de spectateurs.
 
Deux risques majeurs
Huit mois de baisse de fréquentation, après cinq ans de crise, c’est autant de temps durant lequel sont fragilisées les salles, regrette le président de la FNCF. L’endettement est fort : la crise énergétique, l’austérité budgétaire, la diminution des aides des collectivités territoriales et l’inflation n’ont pas rendu la situation plus favorable, note-t-il en concluant sa liste par “l’instabilité institutionnelle de notre pays”, qu’il qualifie de source d’anxiété pour les exploitants et leurs interlocuteurs, et prend le soin de relever un exemple notable : cette année, le ministère de la Culture ne se rendra pas au Congrès.
 
Il lance ainsi l’alerte à travers deux risques. Le premier, que les exploitants ne puissent pas faire face à leurs échéances. Le second, que la crise de l’exploitation se transforme en crise structurelle, qui toucherait alors toute la filière.
 
Cependant, il met aussi en garde les exploitants réunis au CID de Deauville face à “la tentation de trouver des boucs émissaires” et appelle ainsi à la bienveillance, à un meilleure dialogue et une écoute mutuelle entre les exploitants et les distributeurs. “Nos destins sont indéfectiblement liés”, note-t-il. Le président de la FNCF rappelle notamment la mise en place avec le CNC du comité de concertation exploitants-distributeurs, suite auquel une première recommandation sur les avant-premières et les jours de sortie a déjà été adoptée. “Je vous enjoins tous et toutes à la respecter, car il en dépend de l’avenir de cette instance.”
 
Des demandes concrètes au CNC
“Partager ces difficultés, ce n’est pas un aveu de faiblesse. Il n’y a pas de honte à avoir à demander de l’aide”. Pour résoudre cette crise, Richard Patry s’adresse directement au président du CNC, Gaëtan Bruel, à qui il demande “une action déterminée en urgence”. Plus précisément : un accompagnement financier, à travers des aides à verser très rapidement. En effet, sans celles-ci, certaines salles en cessation de paiement, en particulier de la petite et la moyenne exploitation, risquent de devoir cesser leur activité, indique le président de la Fédération.
 
Dans son discours d’introduction, le président met aussi l’accent sur la formation des exploitants au sujet de l’utilisation de leur compte de soutien automatique. Il évoque la proposition formulée l’année dernière avec Rafael Maestro (président de la commission de branche de la petite exploitation de la FNCF), de la mise en place d’un webinaire pour accompagner cette formation.
 
Système de points, diminution et hausse et subventions incomprises… Richard Patry est également revenu sur la réforme de l’art et essai. Il formule d’abord trois demandes au CNC : donner des moyens à cette commission d’appel ; prendre en compte des actions menées par les salles et ne pas imposer de cadre budgétaire trop strict. En désignant les problématiques liées au questionnaire en ligne, il appelle ensuite à la réunion du comité de pilotage art et essai “autant de fois qu’il sera nécessaire”.
 
Un regard vers l’avenir
En soutenant les inquiétudes des exploitants et en formulant des demandes aux membres du CNC, Richard Patry fait sonner l’alarme. “Mais l’année ne se résume pas à la crise”, rassure-t-il.
 
Il salue en ce sens la publication du rapport Geffray, le 8 septembre dernier, en rappelant que le public de demain est non seulement un enjeu au sein de la filière, mais aussi un enjeu de société comme cela a été rappelé lors de la conférence organisée le 23 septembre au 80e Congrès.
 
Richard Patry s’élève par ailleurs contre la mise en danger et la remise en cause du CNC à l’approche des élections présidentielles de 2027, tout en soulignant l’importance du modèle français et rappelant son souhait de préserver la chronologie des médias. “Avec les pouvoirs publics, nous défendrons ce système et notre fenêtre de salles, et celle de l’ensemble de nos partenaires”.
 
En conclusion de son discours, il appuie l’importance de “pratiques qui doivent évoluer au rythme de l’évolution de la société” à l’instar des initiatives écologiques, de la prévention des VHMSS, de l’inclusion de l’IA en vue de moderniser les cinémas, notamment pour la gestion comptable, la surveillance et la sécurité ou encore le marketing. Enfin, il formule sa confiance en l’avenir et en la “force du modèle et en l’amour des françaises et des français pour le cinéma”.

Eden Debruge
© crédit photo : Thomas Laisné, FNCF


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