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Lumière MIFC 2019 - Acquisitions et ventes vidéo : pratiques et témoignages

Date de publication : 16/10/2019 - 08:36

Ouvrant le colloque du 7e Marché international du film classique à Lyon Lumière, une première table ronde dédiée à la vidéo a offert un tour d’horizon des pratiques et méthodes en matière d’import et export d’œuvres classiques.

Intitulé "Édition vidéo : comment acheter et vendre des films à l’international ?", ce premier rendez-inaugurait à la fois le 7e MIFC et la journée spéciale dédiée au secteur vidéo spécialisé dans le cinéma classique.

Les débats étaient ainsi dirigés par Patrick Marteau, cofondateur, éditeur et rédacteur en chef du magazine Les années laser, partenaire du festival et qui fêtera d’ailleurs ses 20 ans l’an prochain. Autour de lui, quatre spécialistes chevronnés du secteur faisaient face aux accrédités du marché, venus en nombre : Peter Becker, président de la collection Criterion (États-Unis) et grand témoin de ce 7e MIFC ; Jérôme Soulet, directeur vidéo, télévision et nouveaux médias chez Gaumont ; Éric Saquet, directeur ESC Editions et Distribution ; et Giordano Guillem, responsable technique chargé des acquisitions patrimoine chez Wild Side.

Un premier sujet lancé a tout d’abord permis de s’intéresser aux méthodes de repérages des œuvres de patrimoine, destinées à l’import comme à l’export. En l’absence, logique (au regard du volume de la production international), d’un référencement exhaustif des catalogues internationaux, les pratiques s’appuient principalement sur un réseautage intensif, renforcé par le développement des volets professionnels dédiés au patrimoine dans les différents festivals du monde. "Nous faisons appel à un tissu relationnel établi et une bonne entente avec les acteurs du marché", a témoigné Éric Saquet.

La question d’éthique a été d’ailleurs, elle aussi, abordée, notamment quand il s’agissait de décrire la décision des prix, souvent très aléatoires en fonction du matériel proposé, de l’importance de l’œuvre sur le marché donné, des mandats concernés, etc. "Un accord doit être avantageux pour les deux parties", a résumé ainsi Peter Becker, évoquant le fait qu’il était arrivé à Criterion de se retirer de certaines négociations internationales pour des raisons d’incompatibilité purement humaine. "Il n’existe pas de règles ni de tarification claires, a pour sa part lancé Éric Sacquet. Le prix repère se définit en fonction de nombreux critères, matériels, industriels, temporels… aussi, la question du relationnel est importante."

Précisant à plusieurs reprises les méthodes de Gaumont, Jérôme Soulet a expliqué que, sur environ 1 500 titres du catalogue de la société, près de 500 présentaient un matériel au minimum en HD. Au sein de ceux-ci, si les deux tiers sont régulièrement vendus, près de 150 n’enregistrent aucune vente car méconnus ou oubliés. "Ce ne sont pas de mauvaises œuvres, mais elles passent tout simplement sous les radars. Notre travail (en tant que cataloguiste et exportateur, Ndlr) est aussi d’événementialiser la commercialisation."

Et le cadre de Gaumont de citer notamment les œuvres d’André Cayatte, "qui ne cumulent que 21 ventes à ce jour" malgré leur succès populaire en salle (58,77 millions d’entrées en France en 22 films entre 1945 et 1977). La Marguerite attend ainsi de belles retombées de notoriété après la mise en avant de trois d’entre eux, Justice est faite (1950 - photo), Le dossier noir (1955) et Mourir d’aimer (1971), en sélection du 11e Festival Lumière.

Avant des questions d’ordre plus anecdotique qui firent office de conclusion, une question plutôt pertinente permis d’aborder le contexte concurrentiel lié à la mondialisation des pratiques commerciales, et notamment à l’ère des grandes plateformes internationales d’échange. Aussi, les professionnels reconsidèrent-ils ainsi leurs activités, quand plusieurs éditions d’une même œuvre, chacune sur un territoire donné, peuvent être accessible par le consommateur en ignorant les frontières ? "Aujourd’hui, tout est disponible sur des plateformes comme Amazon partout dans le monde", a résumé Peter Becker. "C’est un faux problème", a jugé pour sa part Jérôme Soulet. L’œuvre est certes la même, mais chaque éditeur va apporter sa patte, son identité éditoriale propre."

Et Éric Saquet de souligner une des spécificités de la niche que représente le marché du film classique : "Si la concurrence internationale peut parfois poser problème, rappelons que le consommateur est souvent collectionneur. Il a un rapport particulier avec l’objet filmique, et peut tout à fait en acquérir plusieurs différentes." L’éditeur a toutefois témoigner d’expériences malheureuses liées à une mise à disposition d’une VF dans des édition étrangères là où ESC avait l’exclusivité sur les marché francophone. "Pour cette problématique, l’honnêteté est la clé", a conclu pour sa part Peter Becker.

Sylvain Devarieux
© crédit photo : DR


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