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Cinéma

Congrès FNCF 2017 - Line Davoine : "La valeur intrinsèque d’une œuvre cinématographique est créée en salle"

Date de publication : 26/09/2017 - 08:32

Pour son premier Congrès à la présidence de la branche "grande exploitation" de la FNCF, Line Davoine réagit à l’actualité de ces derniers mois, tout en abordant en détails les spécificités propres à sa branche.

Dans leur rapport sur le Financement de la projection numérique en salle de cinéma publié cet été, l’IGF et l’IGAC préconisent le non remplacement des VPF par un autre outil de financement, tout en proposant de "traiter séparément les questions de programmation de celles de financement de l’équipement numérique". Qu’en pensez-vous ?
Le numérique permet aux distributeurs de faire des économies, alors que pour l’ensemble des salles de cinéma, c’est un coût supplémentaire. En plus du facteur financier, l’après-VPF pose le problème de régulation des plans de sortie. J’espère donc qu’un accord sera trouvé pour solutionner ces deux aspects.

La fréquentation en salles a diminué de 0,8% sur les huit premiers mois de 2017. La grande exploitation suit-elle la même évolution ?
La grande exploitation a enregistré une baisse de 2% sur les huit premiers mois de l’année par rapport à 2016. C’est une donnée globale qui masque certains écarts. En effet, la grande exploitation a ouvert de nouveaux sites ces deux dernières années, qui pour certains génèrent de nouvelles entrées.

L’an dernier, le rapport de la grande exploitation présenté au Congrès listait quatre problématiques prioritaires, au premier rang desquelles la chronologie des médias. Dans ce contexte, comment accueillez-vous le récent rapport du Sénat sur ce sujet ?
On peut comprendre l’intérêt de la commission de la Culture, de l’Éducation et de la Communication du Sénat pour une évolution de la chronologie des médias en raison de l’évolution des pratiques, de l’émergence de nouveaux acteurs et de la difficulté des acteurs traditionnels. La fenêtre d’exclusivité de quatre mois de la salle de cinéma est intouchable. La valeur intrinsèque d’une œuvre cinématographique est créée en salle. Il s’agit du seul diffuseur à avoir déjà contribué à l’évolution de la chronologie des médias en divisant par trois sa fenêtre depuis sa création. La salle doit être présente lors des négociations : sa contribution dans la création des œuvres cinématographiques reste très importante, à hauteur de 400 M€ (TSA et remontées de recettes). Les propositions d’avancement de la fenêtre VàD à trois mois et d’avancement de la fenêtre de diffusion des films sur la télévision payante à six mois ne sont pas des solutions pour la lutte contre le piratage.

Laurence Meunier, rapporteure de la branche, avait également formulé son inquiétude quant au manque d’initiatives concrètes sur le piratage, justement. Un an plus tard, rien n’a bougé. Qu’attendez-vous du "nouveau" gouvernement sur ce dossier ?
Dans le rapport établi par la commission du Sénat, tous les diffuseurs auditionnés demandent un renforcement de la lutte contre le piratage. Les mesures mises en place en Allemagne ont prouvé leur efficacité, avec une amende à chaque téléchargement illégal. Nous attendons que le législateur intervienne et mette en place une amende automatique. Il est nécessaire d’engager conjointement des négociations avec les FAI et les moteurs de recherche pour trouver une mesure comparable concernant le streaming. À ce titre, nous saluons l’accord signé le 20 septembre entre l’Alpa et Google sous l’égide du CNC, qui est une première étape.

Pour bon nombre de professionnels, la grande exploitation – et en particulier les circuits, dont vous faites partie en tant que présidente de Ciné Alpes – ne rencontre que peu, voire pas, de difficultés. Est-ce le cas ou la situation est-elle plus nuancée ?
C’est une vision partiale et manichéenne. La grande exploitation voit sa fréquentation diminuer depuis plusieurs années, malgré de nombreux investissements. Son équilibre reste fragile et pourrait être remis en cause, entre autres, par une baisse structurelle des entrées, une augmentation des taux d’intérêt…, en raison de son endettement, des charges de son immobilier ou de l’évolution des parts de marché.

Les rapports entre circuits et indépendants semblent – en particulier dans les grandes villes – plus tendus que jamais. Partagez-vous ce constat et, si oui, comment l’expliquez-vous ?
Qui est indépendant ? Indépendant de qui ? La vraie indépendance n’est-elle pas de contrôler économiquement le destin de son cinéma, ou partie ? J’ai l’impression que chaque exploitant trouve les ressources pour pourvoir à son activité. La concurrence a toujours été un élément du marché cinématographique.

Cette année, de nombreux investissements technologiques ont été réalisés par la grande exploitation : la 4DX, l’IMAX et bientôt le Dolby Cinéma pour Les Cinémas Gaumont Pathé, la salle ICE (et son système LightVibes) pour CGR… Selon vous, que traduit cette tendance ?
Elle démontre que la salle de cinéma dans son ensemble doit continuer à innover pour attirer de nouveaux spectateurs, en particulier les Millennials (15-35 ans), qui sont des "digital natives". Cela contribue à accentuer la différence entre l’expérience du cinéma en salle et l’expérience du cinéma hors salle (smartphone, tablette, ordinateur, écran télé…). Mais cela n’est pas une nouveauté : la salle de cinéma a toujours été à la pointe de l’innovation. En conclusion de ces réflexions, une interrogation demeure : malgré de nombreux investissements, créations et rénovations de salles de cinéma, la fréquentation annuelle en France reste stable, au-delà des 200 millions de spectateurs depuis 2011 – à l’exception de 2013. À périmètre égal, quelle serait l’évolution de la fréquentation depuis 2011 ?

Propos recueillis par Kevin Bertrand
© crédit photo : DR


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