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Cinéma

Annecy 2018 - Michel Ocelot : "Mon lien avec Annecy est énorme"

Date de publication : 12/06/2018 - 08:20

Le créateur de Kirikou et d’Azur et Asmar revient avec Dilili à Paris, l’histoire d’une petite kanake enquêtant sur une série d’enlèvements de fillettes dans le Paris de la Belle Époque. Son film fait l’ouverture en grande pompe du Festival d’Annecy, avant sa sortie le 10 octobre (Mars Films).

Hormis dans vos contes courts, c’est la première fois que vous mettez en scène une héroïne. Qu’est-ce qui vous a poussé à imaginer Dilili, 20 ans pile après Kirikou ?
Je proteste ! (rires) Dans mes courts métrages, j’ai toujours respecté la parité, ça compte quand même... Dilili à Paris est seulement mon troisième long métrage “orthodoxe”, vous savez (après "Kirikou et la sorcière" et "Azur et Asmar", Ndlr). L’un des deux sujets de Dilili à Paris est la défense des femmes et des petites filles, il était donc logique de mettre en scène une héroïne.

Le film fait l’ouverture du Festival d’Annecy où Kirikou et la sorcière a obtenu le grand prix en 1999. Que représente cette manifestation pour vous et quels liens entretenez-vous avec elle ?
Le lien est énorme. Ma dernière année d’étudiant s’est passée à Los Angeles en 1968 et c’est là que j’ai découvert l’existence du Festival d’Annecy ! Figurez-vous que les animateurs, qui réalisaient essentiellement des publicités pour vivre, tournaient dans leur coin des courts métrages qu’ils envoyaient à Annecy (la manifestation a été créée en 1960, Ndlr). À partir de là, tous les deux ans, sans manquer une seule édition pendant 30 ans, j’ai vécu intensément le festival et mes plus grandes émotions de spectateur en découvrant des courts métrages. J’ai fini par présenter les miens aussi. J’aime particulièrement les courts, car ils sont faits par des gens qui ont des choses à raconter sans obéir à une logique de marché. Annecy est par conséquent un lieu sacré pour moi, même si, depuis 20 ans, je n’ai pas eu l’occasion d’y passer une semaine complète. Je m’en réjouis d’avance cette année. À ma demande, le festival a organisé une projection supplémentaire pour le public de Dilili à Paris. La réservation a été ouverte à 13h et à 13h06, il n’y avait plus de place ! Une troisième projection devrait être ajoutée.

Comment jugez-vous l’animation européenne, et française en particulier, depuis 20 ans, vous qui en fûtes le précurseur ?
J’ai connu le désert et, aujourd’hui, tout est fleuri. C’est sensationnel.

En 2018, sept films d’animation ont été agréés en France, ce qui correspond à peu près à la moyenne depuis 20 ans. Est-ce un bon chiffre ?
C’est excellent ! Certains vous diront que c’est trop, que le marché ne peut pas les absorber. Moi, je suis partisan qu’il y en ait beaucoup car, sur le nombre, il y aura forcément un chef-d’œuvre. Tant que les films ne sont pas faits, on ne peut pas dire qu’il y en a assez.

Quels films d’animation vous ont touché ces dernières années ?
Persépolis, en premier. J’ai beaucoup aimé aussi Tout en haut du monde et je suis ravi que Rémi Chayé tourne son deuxième film ("Calamity Jane", Ndlr). J’ai également réservé ma place à Annecy pour Parvana, une enfance en Afghanistan dont j’espère beaucoup.

Parlez-nous de votre travail avec Nord-Ouest Production qui vous accompagne depuis Azur et Asmar. Ce n’était pas une société spécialisée dans l’animation au départ.
Elle ne l’est toujours pas ! (rires) Je suis le seul réalisateur d’animation qu’elle produit. Kirikou et la sorcière avait été assez compliqué à financer et j’avais voulu me tourner ensuite vers des maisons de production “classiques” pour ouvrir les fenêtres et travailler autrement. Nord-Ouest m’avait semblé la plus apte à répondre à mes attentes. Sur Azur et Asmar, je disposais enfin d’un vrai budget et des moyens pour faire le film que je souhaitais. C’était une autre échelle.

Le Festival d'Annecy rend hommage cette année à votre ami Isao Takahata. Un mot sur ce grand de l’animation ?
J’ai eu la chance de le rencontrer en vrai. J’avais été invité à Tokyo pour discuter sur scène avec quelqu’un de mon choix. J’avais désigné Takahata, que je ne connaissais absolument pas (j’avais néanmoins vu ses films), et lui encore moins ! Cela s’était merveilleusement passé. Il a ensuite découvert les miens et a commencé par traduire le livre issu de Kirikou et la sorcière avant de se charger de l’adaptation de la version japonaise du film ainsi que de celle d’Azur et Asmar, qui sont impeccables. C’est un rêve pour moi d’avoir pu collaborer avec un tel maître.

Propos recueillis par Christophe Narbonne
© crédit photo : Nord Ouest Production / Mars Films


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