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Cinéma

Coronavirus : la FNCF alerte le Ministre de l'Economie et des Finances sur la situation économique des salles

Date de publication : 16/04/2020 - 20:40

La Fédération nationale des cinémas français a adressé aujourd'hui un courrier à Bruno Le Maire pour lui faire part des difficultés économiques rencontrées par les salles de cinéma depuis leur fermeture, en particulier concernant le paiement des loyers et des charges fiscales et sociales.

Voici, in extenso, la lettre de Richard Patry, président de la FNCF :

"Monsieur le Ministre,

La Fédération Nationale des Cinémas Français, qui représente l’ensemble des salles de cinéma en France, souhaite vous faire part de la très vive inquiétude de l’ensemble de ses adhérents face à la situation de crise extrêmement grave à laquelle nous sommes collectivement confrontés.

Les cinémas font partie des premiers lieux ayant fait l’objet de fermetures administratives, dès le 1er mars dans certains départements, et feront sans doute partie des derniers lieux ré-ouverts au public, bien après la date "objectif" du 11 mai fixée cette semaine par le Président de la République.

L’activité des cinémas français, après une forte baisse de la fréquentation déjà enregistrée en janvier et en février, est désormais totalement à l’arrêt. Ceci se traduit par plusieurs mois sans aucun revenu pour les entreprises de notre secteur qui exploitent plus de 2 000 cinémas sur notre territoire. Or, comme vous le savez probablement, les cinémas ont un modèle économique extrêmement fragile caractérisé par des coûts fixes très significatifs, difficilement compressibles, et absorbés en principe par les entrées de nos spectateurs. Cette particularité place aujourd’hui l’ensemble de nos adhérents dans une situation d’urgence grave.

Le Gouvernement a mis en place des mesures exceptionnelles – que nous saluons – pour aider les entreprises, mais elles sont très loin de suffire pour nous permettre de faire face à nos problèmes spécifiques. Par conséquent, il nous semble impératif de compléter le dispositif existant avec des mesures fortes et adaptées à nos contraintes.

En premier lieu, les cinémas, comme tous les autres commerces, sont confrontés au problème des loyers commerciaux. Les cinémas occupent de très grandes surfaces avec une faible commercialité au mètre carré à la différence de la plupart des commerces. Les loyers pèsent donc très fortement sur les coûts d’exploitation, et cette particularité démultiplie les difficultés actuelles et à venir.

Privés de revenus, il n’est pas possible pour l’ensemble des exploitants de salles, même les plus grands, de faire face aux échéances de loyers et de charges. Nous nous associons pleinement et sans restriction aux demandes exprimées par l’ensemble des fédérations des commerces qui vous sont parvenues avec force et qui sont l’expression d’une réalité économique : il n’est pas suffisant de simplement différer ou étaler le paiement des loyers et/ou des charges. Il faut impérativement annuler ceux-ci pour les entreprises concernées par une période de fermeture administrative liée à cette crise sanitaire exceptionnelle.

Pourquoi demander un Prêt Garanti par l’État pour rémunérer des bailleurs commerciaux dont certains semblent uniquement préoccupés par leur rentabilité boursière ? Les plus petits bailleurs ont besoin d’un soutien direct de l’État qui leur permettrait d’exonérer leurs locataires des loyers dus alors que l’activité de ceux-ci est au point mort.

Par ailleurs, la programmation des cinémas dépend fortement du calendrier de sortie des films internationaux, et principalement américains. L’activité des cinémas ne reprendra donc que très progressivement et il faut donc prévoir des dispositions spécifiques permettant d’accompagner la période de reprise (franchise et allègements de loyers) afin de tenir compte du niveau d’activité très dégradé de nos salles après la réouverture, et de l’inertie inévitable du retour à la normalité chez nos spectateurs.

Il en va, Monsieur le Ministre, de la survie de nos établissements qui sont souvent le moteur de l’activité des centres-villes et des grands centres commerciaux. Sans cinéma, ce n’est pas uniquement la culture qui disparait, c’est aussi l’animation de la vie économique locale, les restaurants, les bars et l’attractivité des villes et tout particulièrement des plus petites. Si lors de la reprise de l’activité, qui restera très faible longtemps, les bailleurs exigent le paiement des loyers dus au titre de la période de fermeture ainsi que des loyers en cours, les cinémas seront incapables de supporter ces coûts et fermeront. Ceci aura un effet désastreux sur la culture et sur l’activité de nos centres-villes, ou des centres commerciaux du fait de l’effet d’entrainement de l’activité des cinémas.

En second lieu, il est nécessaire que les charges sociales et fiscales, relatives à la période de fermeture administrative, ne soient pas simplement reportées mais également annulées. Comme pour les loyers, il ne sera pas possible aux cinémas de faire face à ces règlements lors d’une très lente reprise de l’activité. Cela concerne à la fois les impôts et charges directs comme indirects.

Nous vous alertons sur le fait que les cinémas sont également des employeurs qui représentent près de 16 000 emplois, principalement en CDI, sur l’ensemble du territoire. Nombre de ces emplois sont modestes et permettent à des populations fragiles (étudiants, faibles qualifications...) d’avoir des revenus réguliers. Les mesures de chômage partiel existantes permettent globalement de faire face au maintien de l’activité des salariés des cinémas. Cependant, ces mesures devront être prolongées pendant la longue et difficile période de reprise de l’activité qui nécessitera également des mesures de formation des personnels en termes sanitaires et d’accueil du public.

De plus, compte tenu de la durée beaucoup plus longue de fermeture de nos établissements que pour la plupart des entreprises, il est absolument nécessaire que 100% des salaires soient pris en charge aujourd’hui et demain. Il en va de la préservation de nos entreprises et donc, des emplois de notre secteur.

Enfin, les cinémas sont – comme le reste de la filière cinématographique – dans l’attente d’un fonds d’urgence spécifique pour le secteur pour permettre à la production, à la distribution et à l’exploitation des films de faire face aux échéances immédiates. Le Centre National du Cinéma n’a pas les moyens financiers suffisants pour venir en aide au secteur et va connaître, en outre, une baisse dramatique de ses revenus issus des entrées en salles et des recettes publicitaires des chaines de télévision.

La crise économique engendrée par la crise sanitaire aura un impact très fort également sur le budget 2021 du Centre National du Cinéma. Les collectivités locales qui soutiennent également beaucoup leurs cinémas ne seront pas non plus en mesure de faire face aux attentes et aux besoins de la culture qui est pourtant l’un des secteurs économiques les plus essentiels à la vie de notre pays.

Notre secteur, Monsieur le Ministre, rencontre les mêmes difficultés que les autres secteurs de l’économie française, mais est confronté en plus à des difficultés supplémentaires du fait de la structure de ses coûts et de la durée de fermeture de ses établissements plus longue que pour la plupart des autres secteurs de l’économie. Sans des mesures fortes et immédiates de soutien aux cinémas, nous risquons l’effondrement d’un pan entier de l’économie et de la culture française - et unique au monde - entrainant avec lui l’arrêt d’activités au cœur de l’économie des villes, de leur périphérie comme des zones rurales.

Je souhaite pouvoir m’entretenir avec vous, Monsieur le Ministre, de la situation des cinémas et vous prie d’agréer l’expression de ma plus haute considération."

FNCF
© crédit photo :


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