Digital

Marché de la VàD pendant le confinement : l’analyse de la Cinetek

Date de publication : 11/05/2020 - 10:40

La période liée à la situation sanitaire aura permis au marché de la VàD en France de croître. Avec des situations variées selon les acteurs du secteur. Entretien avec Jean-Baptiste Viaud, délégué général de La Cinetek.

Avec les plateformes, des services comme la Cinetek seraient ceux qui ont le plus profité de la situation liée au confinement. Est-ce aussi flagrant que cela ?
Jean-Baptiste Viaud : Nous avons multiplié par quatre notre activité. Nous ne sommes évidemment pas sur des volumes comme ceux des très grands acteurs du secteur. Nous observons en tout cas une très forte croissance de la plateforme. Déjà, depuis deux ans, nous étions en croissance continue avec une notoriété en hausse. Cette courbe ascendante a été précipitée par la période de confinement. Pour plusieurs raisons. Le public avait plus de temps disponible pour voir des films. D’autres, qui avaient pris un compte, l’ont vraiment découvert. Et nous avons eu aussi beaucoup de retombées presse. Nos sélections thématiques ont été par exemple beaucoup reprises par les journaux. Avec un effet direct sur les abonnements et sur les locations.

Beaucoup observent que la situation sanitaire aurait été un « effet d’aubaine » pour découvrir et démocratiser la VàD ?
Si cette expression d’effet d’aubaine est à prendre avec évidemment d’énormes pincettes et que la situation est affreuse et compliquée, il est vrai que dans cette période de repli forcé chez soi avec des cinémas fermés, c’est un moment ou, en effet, on peut franchir le pas de la VàD.

Est-ce que vous diriez que cette période a accéléré votre croissance ?
C’est difficile à dire. Notre projet est vraiment construit sur le principe de la transmission d’un patrimoine cinématographique et d’éducation à l’image pour les plus jeunes générations. C’est ce qui nous tient à cœur et c’est beaucoup plus important pour nous qu’un business plan, qui reste évidemment important. Ce qui est sûr, c’est que la plateforme s’est emballée depuis le début du confinement, nous permettant de voir l’avenir de manière sereine. Si la tendance lourde s’oriente vers la consommation de nouveautés, on voit aussi qu’il y a une appétence et un attrait pour le cinéma de patrimoine. Avec, à la fois, un jeune public qui veut découvrir les grands chefs d’œuvre dont leur a toujours parlé. Et ceux qui veulent les revoir. Un phénomène est intéressant à observer. Parmi les succès de la plateforme, il y a L’homme de Rio, Les parapluies de Cherbourg ou Peau d’âne. Et qui sont aussi disponibles sur d’autres plateformes. Cela prouve que l’éditorialisation fait la différence.

Quelles sont les films qui ont bien marché dans cette période ?
Outre les œuvres précitées, des titres comme Les demoiselles de Rochefort, Nous nous sommes tant aimés ou Cyrano de Bergerac. Mais aussi des grands classiques comme La règle du jeu.

"Cyrano de Bergerac" a pourtant été rediffusé récemment avec un grand succès sur France 2 ?
Souvent quand les films sont rediffusés, ils fonctionnent bien sur la Cinetek après.

Les plateformes VàD qui sont basées sur la nouveauté sont inquiètes et craignent une fin d’année compliquée liée à l’absence de nouveautés. Comment voyez-vous de votre côté cette période ?
Nous ne fonctionnons sur l’arrivée sur la plateforme de ce que certains distributeurs appellent les films "frais". La Cinetek s’arrête aujourd’hui à une sélection de films d’avant 2005. Nous gardons ce délai de quinze ans dans la mise en avant des titres. Donc, nous ne sommes pas impactés par les problématiques de chronologie des médias ou de nouveautés. Ceci étant, nous avons la liste d’un réalisateur qui cite ses cinquante films préférés. Et il y en a toujours des inédits par rapport à ce que d’autres ont pu mettre en avant. Tous les mois, nous avons une vingtaine de nouvelles acquisitions. C’est toujours un produit d’appel assez fort pour les utilisateurs réguliers. Je comprends les craintes des plateformes nouveauté, mais nous ne les avons pas.

A ce jour, vous avez combien de titres en référence ?
1400 titres.

La consommation sérielle explose. Il existe pourtant tout un pan de son histoire, de titres cultes ou méconnus, que les plateformes internationales ne proposent pas. Des séries souvent mis en scène par des réalisateurs de référence. Est-ce que vous réfléchissez à en agréger ?
Le catalogue est fait à partir des choix des réalisateurs. Et ils ont assez rarement le réflexe de proposer des séries. Ceci étant, c’est en effet une piste. Mais nous avons déjà quelques séries. Comme des serials du début du XXème siècle comme Les vampires de Louis Feuillade ou La maison des mystères. Nous avons aussi La maison des bois de Maurice Pialat. Les frères Larrieu avaient cité le pilote de Twin Peaks.

Quels sont les opérations que vous préparez pour garder le momentum actuel ?
Nous travaillons avec le festival La Rochelle Cinéma a une édition virtuelle fin juin, début juillet. Nous sommes aussi en phase finale d’une grande migration technique qui donnera jour à une nouvelle version de la plateforme début juin. L’identité visuelle restera la même, mais tout sera plus confortable et ergonomique. Cela s’accompagnera en septembre du lancement d’applications mobile, tablette et télé connectée. Et du lancement en Belgique et au Luxembourg francophone à partir du même mois.

Francois-Pier Pelinard-Lambert

Tags :

L’accès à cet article est réservé aux abonnés.

Vous avez déjà un compte


Accès 24 heures

Pour lire cet article et accéder à tous les contenus du site durant 24 heures
cliquez ici


Recevez nos alertes email gratuites

s'inscrire