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Olivier Bibas (Atlantique Productions) explique la genèse de "The eddy" pour Netflix

Date de publication : 12/05/2020 - 11:44

Le 8 mai, la plateforme a lancé ce 8X60’ évènement tourné en France, aujourd’hui largement promotionné. Avec Damien Chazelle dans ses créateurs, elle est portée par Endeavor Content et Atlantique Productions. Olivier Bibas, son producteur éxécutif. Entretien.

Damien Chazelle aime la musique. Surtout le jazz. Il y a eu ses débuts en noir et blanc, avec Guy and Madeline on a Park Bench (2009) ou il revisitait les "musicals" de la MGM dans un style documentaire. Puis Whiplash (2014), avec son batteur doué et son mentor sadique. Suivi du phénomène La La Land (2016). Loin de cet univers, The eddy est une plongée au coeur de la scène jazz parisienne où cette musique est une religion, la toile de fond et la bande originale de la vie des personnages. Eliott, (André Holland, Moonlight) est un pianiste new-yorkais respecté et jadis célèbre qui dirige The Eddy, un club de jazz en difficulté, entouré de sa petite amie chanteuse Maja (Joanna Kulig, Cold War) et de son partenaire Farid (Tahar Rahim).

L’annonce de l’arrivée de Damien Chazelle dans le monde de la série a été très commentée. En même temps, on connaît mal la genèse véritable de The eddy. Est-ce son projet ? Une commande ?
Olivier Bibas : Nous sommes arrivés à posteriori, une fois le projet packagé. A l’origine, The eddy est le rêve d’un compositeur produc-teur, Glenn Balard, largement récompensé aux Grammy (Alanis Morissette, Michael Jackson) qui a, après un séjour dans la capitale française, toujours eu le rêve de faire une série sur le jazz à Paris. Il s’en est ou-vert à Allan Pool(Six feet under), qui était à l’époque à HBO. Et c’est lui qui a orienté Glenn vers Damien Chazelle dont il connaissait l’intérêt pour le jazz et qui tournait à l’époque Whiplash. Le trio s’est entendu et a alors proposé à Jack Thorne (This is england, Glue) d’écrire le scéna-rio. La série a été au final packagé par Endeavour Content qui est arrivé avec le quattuor Chazelle, Balard, Pool et Thorne. C’est un show qui est fondamentalement porté par ces quatre créateurs.

Comme le projet avait un ADN très parisien, il fallait donc une production éxecutive française ?
Il y avait une volonté de Damien Chazelle et de tous les intervenants de faire une série réaliste, qui s’éloigne de l’image fantasmée que peut avoir Paris dans la fiction ou le cinéma américain. Ses références étaient Pialat, beaucoup Cassavetes ou le documentaire. Endeavor Content a donc cherché un producteur qui fasse à la fois de la production physique sur place, mais qui gère aussi l’artistique, le tout dans l’esprit de "l’executive producer" américain. De façon a apporter de la cohérence, car Damien Chazelle ne réalisait que les deux premiers épisodes. Avec la volonté de celui-ci de travailler aussi avec des talents français. Ce n’est pas une production américaine à Paris, mais une vraie production française. Nous avons géré le développement de la série avec Allan Pool et Netflix. L’équation de départ était que Damien signait les deux premiers épisodes. Allan clôturait les 8 épisodes. Et que les quatre autres soient mis en scène par des français. Il a voulu aussi des réalisatrices (Houda Benyamina et Laïla Marrakchi, ndlr) pour que The eddy soit porté par des talents masculins et féminins. Nous avons été très impliqués dans cette partie artistique. Tout cela s’est fait assez naturellement.

La série a été intégralement tournée en France ?
Oui, à Paris et en région parisienne dans le Nord et l’Est, en décors quasi naturel sauf le décor du club The Eddy. Ces secteurs correspon-daient bien à ce que nous voulions raconter. Nous avons repéré tous les clubs de jazz à Paris. En découvrant que c’était un univers très vivant, et très fréquenté, par un jeune public contrairement à ce que l’on pourrait imaginer. Cela a beaucoup infusé la série comme sa façon de la réaliser. Le club que nous avons recrée dans le 11ème arrondissement est né de toutes ces observations et influences. Nous avons tourné cent jours. C’était une production lourde en raison du réalisme voulu par la série. Nous avons, par exemple, tourné les séquences musicales en live. Pour avoir la sensation d’être au plus près de ce que l’on peut ressentir dans un concert.

"The eddy" est-il une minisérie ou une série appelée à revenir pour des saisons multiples comme cela peut être le cas sur de nombreuses fictions de Netflix ?
C’est une série qui dans la forme et le fond se donne beaucoup de li-berté. Elle pourrait avoir une suite, mais elle est marketée par Netflix en tant que minisérie. Les personnages ont de la chair et du sang pour exister plus avant. Laissons la série exister, nous verrons.

Vous avez une grande expérience de la coproduction internationale avec Eden ou Hierro par exemple. Que retenez-vous de cette expérience avec Netflix avec cette série qui porte beaucoup d’ambitions pour la plateforme ?
Leur méthode de travail est différente d’une chaine traditionnelle. Ils ont des spécialistes pour chaque domaine de la production que ce soit en post production, juridique ou artistique. Ils sont présents également sur les textes comme une autre chaîne peut l’être. Donc on a beaucoup plus d’interlocuteurs. Il y a une volonté de contrôle pour que tout aille dans le même sens et en même temps un équilibre avec tous ces spécialistes qui sont là pour vous épauler au quotidien. Le suivi est assez fort en amont. Dans le même temps il y a un très fort soutien des équipes. C’est une vraie collaboration.

Francois-Pier Pelinard-Lambert


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