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Cinéma

Congrès FNCF 2016 - Yves Sutter : “La plupart des problèmes relatifs à l’exposition des films ont pour cause la surproduction et la surdistribution”

Date de publication : 27/09/2016 - 08:43

Au terme d’une année particulièrement dense pour le secteur, le président de la branche grande exploitation de la FNCF fait le point sur la fréquentation, la chronologie des médias, l’accord sur les engagements de programmation et de diffusion ou encore l’après-VPF, qui devrait, selon lui, s’imposer comme l’un des grands sujets du Congrès.

Après une année 2015 déjà bonne, la fréquentation nationale était en progression de 4,1% sur les huit premiers mois de 2016. La grande exploitation suit-elle la même tendance ?
La tendance sur la région parisienne et les principales agglomérations de province est un peu moins favorable, plutôt proche de la stabilité. On constate en particulier que les comédies françaises populaires ne séduisent plus le public parisien et enregistrent de ce fait des coefficients Province-Paris très élevés : Les Tuche 2 et Camping 3 sont au-dessus de 10, Les visiteurs : la Révolution n’en est pas loin. Or, ce sont trois des cinq plus grands succès français de 2016. Cette rupture, qui s’accentue chaque année, nous questionne. Au-delà de l’évolution de la fréquentation à Paris, la question est de savoir s’il s’agit d’une évolution des goûts du public susceptible de se diffuser sur l’ensemble du territoire.

Le marché parisien, dans lequel trois des principaux opérateurs de la grande exploitation sont implantés, était, en 2015, justement en baisse pour la quatrième année consécutive avec 24 millions d’entrées, soit son plus bas niveau depuis 50 ans. Est-ce une source d’inquiétude pour la branche ?
Rappelons que ces deux dernières décennies ont été marquées par un rééquilibrage de l’offre entre Paris, qui concentrait le gros du marché, et sa périphérie, sous-équipée au regard de sa population. Il s’agit à plus grande échelle du même phénomène que celui observé sur la plupart des grandes agglomérations du pays. Paris rassemble encore plus de 10% du public français pour 3,5% de la population.

L’an dernier, des inquiétudes autour d’une éventuelle modification de la chronologie des médias avaient été exprimées au Congrès à travers le rapport de la grande exploitation. Ces inquiétudes sont-elles toujours prégnantes, alors que le sujet est actuellement au cœur des discussions interprofessionnelles ?
La profession doit d’abord compter sur elle-même pour séduire le public et les très importants investissements consentis depuis près d’un quart de siècle montrent que les exploitants ont su prendre leurs responsabilités. Nous avons ainsi pu encaisser les évolutions successives de la chronologie des médias, qui toutes sont allées dans le même sens. Le raccourcissement de notre fenêtre d’exclusivité ne peut désormais plus aller plus loin, sauf à remettre en cause l’équilibre du secteur, et ce d’autant que nous n’avons pour l’heure pas de nouvelle (r)évolution de l’offre à proposer. L’exclusivité est un élément central de l’attractivité des salles de cinéma, une composante majeure de notre offre, ne la détruisons pas. N’oublions pas non plus que c’est la salle qui donne leur valeur aux œuvres. Toucher une pierre de l’édifice peut fragiliser l’ensemble. Qui peut prendre ce risque aujourd’hui ?

L’après-VPF avait également été au cœur de ce rapport. Un an plus tard, une proposition de “modèle de substitution” a-t-elle émergée des discussions au sein de la branche ?
Il n’y a pas de logique de branche sur ce sujet, qui concerne l’ensemble de l’exploitation. La grande exploitation participe ainsi, avec les deux autres branches, aux réflexions que mène la Fédération à ce propos. Je pense que ce sera l'un des principaux sujets du Congrès, car c’est aujourd’hui le moment d’organiser la transition du modèle d’équipement initial vers un modèle pérenne qui prenne en compte les nouveaux équilibres économiques induits par la numérisation de la projection. L’heure des intentions est révolue, nous devons maintenant passer aux propositions et à la concrétisation.

La question de la concentration dans l’exploitation, notamment par le biais du rapport Kopp, revient de plus en plus régulièrement sur le tapis. Sentez-vous des tensions plus fortes entre la grande exploitation et les autres branches sur ce point précis ?
Je ne suis pas persuadé que le rapport Kopp ait quelque crédibilité sur ce point comme sur d’autres. Je ne suis pas plus persuadé que ceux qui parlent de concentration parlent tous de la même chose. Factuellement, les secteurs de l’exploitation et de la distribution sont peu concentrés, avec de nombreuses entreprises actives et dynamiques : dans chaque secteur, près d’une quinzaine d’acteurs ont une part de marché supérieure à 1% et de très nombreuses sociétés de taille plus petite interviennent également. En fait, ce sujet est cristallisé sur la concentration de la demande des salles autour d’un nombre assez réduit de films à forte valeur culturelle, dont la combinaison de sortie ne permet pas de satisfaire chaque demandeur.

Comment recevez-vous l’accord sur les engagements de programmation et de diffusion signé à Cannes ?
Cet accord a suscité un enthousiasme modéré, notamment du fait de la technocratisation de la programmation qu’il engendre. Plus largement, nous regrettons que les Assises, nées de la polémique lancée fin 2012 par Vincent Maraval sur les travers de la production, se traduisent surtout par un texte concernant les salles de cinéma. La plupart des problèmes relatifs à l’exposition des films ont pour cause la surproduction et la surdistribution : il est assez naïf de croire que l’exposition des films dans les salles de cinéma sera améliorée sans stopper la folle course en avant du “toujours plus de films”.

Propos recueillis par Kevin Bertrand
© crédit photo : Richard Bord/Contour by Getty pour Le Film Français


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