Cinéma

Quinzaine 2019 - Nicolas Pariser : "Je voulais faire le portrait d’une grande figure politique locale"

Date de publication : 18/05/2019 - 08:45

Son film Alice et le maire, présenté à la Quinzaine des réalisateurs, s’inscrit dans la continuité de son travail autour du monde politique.

Comment présentez-vous Alice et le maire en quelques mots ?
C’est la rencontre entre une jeune femme, dont le métier est de penser mais qui ne sait pas quoi faire dans la vie, et d’un homme politique à la vocation puissante mais qui a l’impression de ne plus pouvoir penser.
 
Il s’inscrit dans la continuité de votre travail autour du monde politique. Comment vous est venue cette idée de personnage ? Très inspirée de Gérard Collomb et du milieu politique lyonnais d’une manière générale…
Je voulais faire le portrait d’une figure politique locale, un maire de grande ville ou un président de région. En revanche, je ne me suis pas du tout inspiré de Gérard Collomb et de la vie politique lyonnaise, dont j’ignore tout (comme tous les non-Lyonnais j’imagine).
 
Vous avez à nouveau travaillé avec Bizibi. Qu’est-ce que vous attendez d’une collaboration régulière avec un producteur ?
Je suis plutôt pessimiste, j’ai toujours du mal à croire qu’un projet va se faire. Ce que j’aime chez Emmanuel Agneray c’est son enthousiasme, sa foi et surtout sa volonté farouche de rendre possible, dans une économie adaptée, mes projets. Ensuite, nous avons entamé un dialogue sur mes films et le cinéma en général il y a près de dix ans, cela nourrit évidemment beaucoup mon travail.
 
Sur quelle base avez-vous choisi vos deux comédiens principaux ?
L’envie de travailler avec Fabrice Luchini est l’origine profonde du projet, j’ai commencé à écrire l’histoire du film en fonction de lui. Une fois que Fabrice a accepté de jouer le rôle du maire, il fallait trouver une comédienne de 30 ans qui allait tenir le choc, qui existerait pleinement face à lui, et avec qui je pourrais travailler avec confiance. Le choix d’Anaïs Demoustier a donc été très rapide.
 
Où et quand avez-vous tourné ?
Tout le film a été tourné à Lyon. Nous avions essentiellement besoin d’une mairie avec ses bureaux, ses salles de réunion et sa salle de conseil municipal.
 
Il semble que Gérard Collomb ait tenté de vous mettre quelques bâtons dans les roues pendant le tournage. Vous confirmez ?
Nous devions tourner à la mairie, nous avions même fait des repérages techniques assez poussés mais, au dernier moment, la mairie n’a plus voulu travailler avec nous, comme si, soudain, elle avait pris peur. Il ne s’agissait pas de Gérard Collomb, qui était, à l’époque, encore ministre de l’Intérieur, mais certainement d’une partie de l’équipe municipale. Je vous avoue que je ne sais pas du tout ce qui s’est passé exactement (et ça ne m’intéresse pas beaucoup). Je sais seulement que l’opposition municipale lyonnaise a instrumentalisé l’affaire avec beaucoup d’énergie et une certaine réussite dans la presse locale.
 
À l’arrivée, le film a beaucoup évolué par rapport à la première idée que vous aviez en tête ?
Pour être honnête, pas beaucoup. Les choses ne se sont pas faites sans difficulté mais disons que nous avons bien gardé le cap du début à la fin.
 
Qu'attendez-vous de cette sélection à la Quinzaine des réalisateurs ?
C’est une magnifique manière de présenter Alice et le maire au public, à la presse et aux gens qui travaillent dans le cinéma. J’aimerais surtout que ce soit le moyen pour que ce film, très français je crois, soit vu par des spectateurs de tous les continents. J’espère que les thèmes puissent toucher beaucoup de monde et je pense que la Quinzaine est l’endroit idéal pour nouer un dialogue.
 
N’est-ce pas de plus en plus difficile de tracer un sillon comme le vôtre, avec des œuvres très personnelles dans le paysage actuel du 7e art français ?
C’est une question difficile et je ne suis pas forcément le mieux placé pour y répondre dans la mesure où Alice et le maire s’est monté relativement facilement (essentiellement grâce à Fabrice Luchini). Je sais que tout devient de plus en plus difficile dans le cinéma, et notamment les conditions de travail des techniciens. Je dirais que je n’ai pas l’impression que ce soit plus difficile, aujourd’hui, de faire des films personnels que des films plus commerciaux. L’avenir n’est sans doute pas très rose et la situation se dégrade dans de nombreux aspects, mais je me garderais bien d’émettre un jugement définitif sur la situation. J’ai l’impression que le cinéma français d’auteur n’est pas plus contraint qu’avant et que s’il se fait dans une situation économique de plus en plus précaire cela n’affecte pas encore sa qualité, son originalité et sa diversité.

Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo :


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