Cinéma

Annecy 2022 - Les projets de la Résidence Annecy Festival mis en lumière au Mifa

Date de publication : 15/06/2022 - 08:12

Réalisateurs et producteurs ont présenté l’état d’avancement de leurs travaux tout exposant leurs besoins futurs en termes de partenariats devant un parterre de professionnels.

C’est avec l’appui de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, du Département de la Haute-Savoie, de la Drac, du CNC et de Netflix, ainsi que de TVPaint, Wacom et MSI en soutien sur les aspects techniques, que Citia, organisateur du Festival international du film d’animation d’Annecy et du Mifa, a souhaité intensifier son soutien aux auteurs de long métrage d’animation via la mise à disposition d’un temps et d’un lieu de création, d’une mise en réseau, d’une visibilité et d’un suivi de projet. Il s’est concrétisé par le lancement de la première Résidence Annecy Festival en 2020.
 
Son principe est de proposer une offre sur mesure à trois projets de long métrage d’animation dont les porteurs bénéficient, pendant trois mois, d’un espace de travail propice à l’exploration, situé aux Papeteries – Image Factory, d’un mentorat sur mesure et de l’accompagnement des équipes de Citia. Une résidence conçue pour explorer et non pas demander des résultats.

L’appel à projets lancé en 2022, avait débouché sur la soumission de 30 projets, dont 11 portés par des femmes, en provenance de 19 pays.  La commission de sélection, composée de Sara Wikler (productrice artistique cinéma, Blue Spirit, script consultant), Damien Brunner (producteur, Folivari), Éléa Gobbé-Mévellec (réalisatrice), Laurence Petit (distributrice, Haut et Court) et Jérémy Clapin (réalisateur) avait retenu des projets ados-adultes, à la fois engagés et engageants : Deep Fake d’Ismaël Joffroy Chandoutis (France), Dino Doom on Desert Planet de Zsuzsanna Kreif, Balázs Turai et Clare Macdonald (Hongrie) et Hanta d’Emilio Ramos (Mexique).

Après une prise de parole des différents partenaires de la Résidence, les porteurs de projet ont présenté l’état d’avancement de leurs travaux, et notamment leurs premières orientations artistiques, devant une salle comble à l’Impérial.
 
Les trois réalisateurs hongrois de Dino Doom on Desert Planet ont commencé par raconter en détail leur projet avant de montrer diverses recherches graphiques. Leur film qui se présente comme une comédie de science-fiction pour ados-adultes raconte l'histoire d'un amour malheureux entre un esclave humanoïde, Azaz, et une jeune fille météore nommée NIKU-278. « Espionnant l'univers par des trous de vers, NIKU remarque Azaz et tombe éperdument amoureuse de lui. Elle modifie la trajectoire de sa course pour se diriger tout droit vers la planète d'Azaz, Urth. Appauvrie à la suite d'une catastrophe majeure, Urth ne compte plus qu'une poignée d'humains, de dinosaures et de cactus. Cette minuscule civilisation se divise en une majorité composée de travailleurs, et une minorité dirigeante. Les tensions sont omniprésentes. L’histoire d'amour va insuffler un peu de romantisme dans ce monde au bord de la destruction ».
 
Leurs premières images font apparaître un visuel très inspiré des seventies. L’ensemble du projet sera réalisé en 2D avec une partie 3D. Un première version du scénario est d’ores et déjà établie, dont seulement 20% a été story-boardé. Le concept artistique a été finalisé ainsi qu’une première bande originale. Le coût de production est estimé à 3 M€, la Hongrie disposant d’un tax rebate assez attractif. Les trois réalisateurs cherchent donc des partenaires de coproduction et de distribution ainsi que d’autres résidences qui pourraient les accueillir pour continuer à développer le projet.`

Le cinéaste mexicain Emilio Ramos a présenté ensuite Hanta, dont le scénario est basé sur le roman Une trop bruyante solitude de l’écrivain tchèque de Bohumil Hrabal. Son film se présente comme "L'histoire de ceux qui recherchent la liberté, de ceux que l’on réduit au silence, qu’on emprisonne, qui se font tuer", sujet largement universel. Le récit est centré sur deux personnages, l’un réel, l’écrivain Bohumil et l’autre imaginaire, Hanta, chargé de détruire des livres censurés. Il débute en 1968 après que les chars soviétiques aient étouffé dans le sang le printemps de Prague.

Les premières recherches visuelles du réalisateur, font apparaître un univers oppressant, mais d’une grande richesse graphique, Emilio Ramos projetant même quelques premières séquences. Le coût du film est estimé à 4 M€. Outre des partenaires de production, de distribution et de vente, le cinéaste recherche des investisseurs et des studios.
 
Ismaël Joffroy Chandoutis, réalisateur du court métrage Maalbeek (César du meilleur court métrage documentaire) est venu terminer cette présentation pour parler de Deep Fake en compagnie de sa coscénariste et de son producteur Lionel Massol (Films Grand Huit). Un film qui interroge le rapport au réel. 
 
Venu du montage, arrivé à la réalisation via l’école du Fresnoy, Ismaël Joffroy Chandoutis revendique une approche liant ambitions narratives et plastiques. Il est parti de ce phénomène du Deep Fake, technique faisant appel à l’intelligence artificielle, qui consiste à prendre le visage de quelqu’un pour le coller sur celui de quelqu’un d’autre. On peut procéder de même avec la voix, ce qui permet de faire dire à quelqu’un quelque chose qu’il n’aurait jamais dit. La qualité croissante de ces vidéos, en fait à présent une arme politique.

Deep Fake "nous plonge dans l’univers d’Amy, une star du gaming sur Youtube depuis l’adolescence. A présent adulte, elle se lance dans la production de vidéos ASMR, un contenu plus adulte, sensible et incarné. Elle se heurte alors à l’animosité de la communauté web et découvre bientôt l’existence d’un sosie, un "deep fake" qui s’empare de son compte et de son existence virtuelle pour publier des contenus polémiques dans le but de lui nuire".

La résidence en cours prendra fin le 30 juin prochain, les candidatures venant de s’ouvrir pour la prochaine session.



Patrice Carré
© crédit photo : Residence Annecy Festival


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