Cinéma

Annecy 2023 - WIP "Anzu, chat fantôme" : "Un film pionnier en matière de coproduction franco-japonaise"

Date de publication : 17/06/2023 - 08:10

Ils étaient quatre, en parité parfaite entre les deux pays, la France et le Japon, pour représenter ce premier long métrage de Yoko Kuno, co-réalisé par Nobuhira Yamashita. Un film autour d'une rencontre inédite entre chat velléitaire et une petite fille en colère qui est lui même l'occasion d'une coproduction inédite. 

Il est rarissime de voir une coproduction franco-japonaise. Encore plus dans l’animation car le Japon n’a pas franchement l’habitude de se tourner vers d’autres pays pour cette forme particulière si démocratisée localement. Et pourtant c’est tout ce qu’a réussi Anzu, chat fantôme de Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita. Le film, actuellement production, est une coproduction entre Shin-ei Animation et Miyu Productions. "Un film pionnier en matière de coproduction franco-japonaise" affirme Masashi Amano de la société Shin-ei animation dans une lettre lue par Emmanuel-Alain Raynal, fondateur de Miyu, en ouverture de ce Work-In-Progress.
 
Malgré quelques efforts à faire pour contourner les obstacles d’une collaboration sans mini-traité de coproduction et une dialogue à deux langues et deux manières différentes, les deux sociétés sont parvenues à trouver leur propre manière de faire pour adapter le manga de Takashi Imashiro. Sept ans, c’est le temps qu’il a fallu au producteur de chez Shin-ei, Keiichi Kondo, pour parvenir à trouver le bon partenaire afin de produire ce film autour d’un chat ayant vécu bien longtemps au point de devenir un fantôme et une petite fille de la ville abandonnée par son père à son grand-père au coeur de la campagne. "Peut-être n’étais-je pas très bon pour le pitcher" explique-t-il avec humour, "Mais mon idée était toujours reçu avec un certain scepticisme, soit parce que le manga n’est pas le plus vendu au Japon, soit parce que la rotoscopie n’est pas une forme d’animation particulièrement prisée localement". C’est en travaillant sur Hana et Alice mènent l'enquête de Shunji Iwai montré à Annecy il y a huit ans, que le producteur a fait la rencontre Yoko Kuno qui travaillait dessus. Elle est une des rares artistes japonaises à travailler dans la rotoscopie et c’est exactement la forme que prend Anzu pour "obtenir un rendu encore plus détaillé dans les subtils moments entre les gestes" précise Yoko Kuno. Et c’est elle encore qui a débloqué la situation en rencontrant les producteurs de Miyu à l’occasion du New Chitose Airport International Animation Festival. 
 
Le tournage en prise de vues réelles est assuré par Nobuhiro Yamashita, avec qui Keiichi Kondo avait déjà travaillé dans le live action, tandis que l’animation est prise en charge par Yoko Kuno. Pour adapter le manga où Anzu le chat ne fait pas vraiment beaucoup de choses, l’équipe, aidée du scénariste Shinji Imaoka, a proposé de créer le personnage de Karin, cette jeune fille au caractère bien trempée qui décide de rentrer à Tokyo pour confronter ce père qui l’a abandonné. Dans sa quête, elle sera aidé d’Anzu ainsi que d’autres yōkai qui viennent se greffer à ce voyage initiatique. Le trait est simple, doux et fluide, les couleurs à la fois pastels et dynamiques et les décors réalistes, vibrants, foisonnant de couleurs, rappelant les peintures de Pierre Bonnard. 
 
Pour la répartition des tâches entre la France et le Japon, Tanguy Olivier, directeur des productions chez Miyu, explique qu’elle a été décidée "en fonction de ce que chaque partie pense pouvoir apporter au mieux au projet, mais en prenant une part qui soit à la fois cohérente artistiquement et techniquement mais aussi, qui puisse correspondre à la part de financement qui est apportée par chaque partie". C’est ainsi que l’animation est restée du côté de Yoko Kuno et son équipe tandis que la France a pris en tous les décors et la mise en couleurs des personnages. C’est toujours dans cette idée de répartition des tâches et de facilitation des échanges et du travail que la direction artistique est revenue à Julien de Man, qui avait déjà travaillé avec Miyu sur Saules aveugles, femme endormie de Pierre Foldes, et la mise en place artistique du compositing à Guillaume Cassuto. 
 
Actuellement, le film est toujours en production. Les layouts sont terminés et l’animation est en cours, le compositing devrait démarrer le mois prochain. L’ambition? Être présent à Annecy l’année prochaine. 
 
Anzu, chat fantôme sera distribué en France par Diaphana, et a été pré-acheté par GKids. Il est vendu à l’international par Charades. Enfin, il a bénéficié d’aides du CNC ainsi que des régions Île de France et Nouvelle Aquitaine. 

Perrine Quennesson
© crédit photo : DR


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