
[Entretien] Gaëtan Bruel (CNC) : "L’année 2025 s’annonce comme charnière"
Date de publication : 14/05/2025 - 16:32
Gaëtan Bruel effectue ses premiers pas au Festival de Cannes en tant que président du CNC. L’occasion pour lui d’aborder les (nombreux) enjeux auxquels fait face le secteur.
Vous avez pris la présidence du CNC en janvier 2025. Quel bilan faites-vous de ces premiers mois ?
Ces premières semaines ont été intenses et passionnantes. Je me suis avant tout attaché à rencontrer les représentants de nos secteurs, pour initier un dialogue que je souhaite ininterrompu. Mais j’ai aussi pris un train en marche, avec des dossiers à faire avancer immédiatement. Le paysage post-Covid est en train de se décanter, et j’observe des tensions à tous les niveaux. Sur le marché de la salle, dans les territoires, à l’échelle internationale, elles s’accumulent sous nos yeux, et des évolutions de long terme semblent se jouer à très court terme. L’année 2025 s’annonce comme charnière. Je suis confiant sur notre capacité à traverser ce moment, je pense même que nous pouvons en sortir renforcés, mais à une condition: ne pas céder à la faciliter de désigner des boucs émissaires, maintenir le dialogue en toutes circonstances, avoir le sens des compromis pour avancer ensemble.
Le modèle français est aussi fragilisé par les attaques récurrentes des États-Unis…
Ce contexte géopolitique est d’abord un moment de vérité pour l’industrie américaine. La crise d’Hollywood ne date pas de ce début d’année, et la question de savoir si le retour de Donald Trump peut lui bénéficier n’est pas tranchée. Il y a un paradoxe : depuis des années, les lobbys américains ont un discours à notre égard présentant des accents qu’il faut bien qualifier de trumpiste. Ainsi, dans une série de courriers envoyés récemment à l’administration américaine, ils ont qualifié notre modèle de “pénalisant et déloyal”. Puis, devant l’émotion suscitée, ils se sont défendus : “Mais c’est ce que nous disons depuis toujours !” De ce point de vue, il y a un risque clair d’alignement entre une stratégie séculaire de l’industrie américaine et un président qui semble fait pour porter un tel agenda. Mais la première démarche de Donald Trump est de critiquer son industrie – historiquement connue pour son progressisme – et de prendre une mesure qui n’est pas une bonne nouvelle pour elle. Quand il veut taxer à 100% les films tournés à l’étranger, il pensait sans doute moins aux 4% du box-office américain réalisé par des films étrangers, qu’au fait que les deux tiers des films américains sont effectivement tournés à l’étranger. Vu de Donald Trump, il y a une logique : il faut relocaliser les emplois, dans cette industrie comme dans les autres. Vu d’Hollywood, il y a un risque réel d’explosion des coûts et de mesures de rétorsions. C’est là où une vision isolationniste des États-Unis est en contradiction fondamentale avec le modèle exportateur de l’industrie américaine. Un modèle où Netflix produirait à 100% aux États-Unis pour continuer à avoir 70% de ses abonnés en dehors de l’Amérique du Nord n’est pas réaliste.
Concrètement, que pouvons-nous redouter ?
À nouveau, je ne pense pas que nous soyons les premiers ciblés à ce stade, mais je vois trois enjeux : l’exportation de nos œuvres, notre capacité à continuer d’accueillir des productions américaines et la suite des attaques contre notre modèle. Sur l’export, nous sommes en train d’objectiver, avec Unifrance, l’impact potentiel et d’examiner le type de réactions que nous aurons, car nous réagirons. Sur l’attractivité, la France ne figure pas parmi les dix premières destinations de tournage des Américains. Les autres pays anglo-saxons sont de loin les premiers ciblés. Quelle que soit l’applicabilité de ce qui a été annoncé, on peut anticiper un retour relatif des tournages aux États-Unis, et donc une compétition encore plus féroce entre pays d’accueil de ces tournages. La France a ici beaucoup d’atouts, et je suis confiant sur le fait que nous continuerons d’accueillir des projets ambitieux – nous y mettons beaucoup d’énergie. Enfin, sur d’autres risques, il faut à la fois rester sereins et n’être dupes de rien. Aujourd’hui, la discussion entre l’industrie américaine et Donald Trump porte sur la relocalisation. Certains pourraient avoir intérêt à l’orienter sur d’autres sujets. Ici, il faut rappeler les termes du débat: le cinéma américain représente 60% du box-office européen, quand le cinéma européen représente environ 1% du BO américain. Quand certains parlent d’un modèle “pénalisant” ou “déloyal”, la réalité est donc que nous accueillons à bras ouverts les films américains, mais nous avons cessé d’être naïfs. Ce que nous vivons n’est pas inédit: à de nombreuses reprises, dans de nombreux territoires, les États-Unis ont critiqué et déstabilisé les industries locales. Ce qui est inédit, c’est la prise de conscience que la diversité culturelle – à nouveau, une diversité culturelle où les œuvres américaines ont toute leur place, mais pas toute la place – est un enjeu de souveraineté. Ce qui est malheureux, c’est que nous avions progressé dans ce débat, et nos obligations d’investissement s’inscrivent justement dans un modèle d’interdépendance, où les productions locales contribuent fortement à la réussite globale des acteurs américains. C’est aussi en cela que l’industrie américaine est à la croisée des chemins. Si elle s’aligne avec une logique politique, au détriment de toute rationalité économique, elle risque de perdre énormément.
Sur le plan national, le contexte économique est aussi tendu. Vous avez entamé un tour des régions à l’heure où l’engagement de certaines collectivités vacille. Comment jugez-vous la situation ?
Toutes les Régions ont maintenu les aides à la production mais la plupart ont réduit – de manière modérée – les aides à la diffusion. Seul le conseil régional des Pays de la Loire se distingue malheureusement. La Réunion et la Bretagne ont, elles, augmenté leurs crédits, apportant la preuve qu’il est possible de faire d’autres choix. J’ai entamé un tour de France des régions. Je me donne un an pour cela, en commençant justement par La Réunion et la Bretagne. Je veux prendre le temps de rencontrer les grandes collectivités, mais aussi les acteurs de notre filière sur le terrain. Sans attendre, j’ai écrit à chacun des présidents de Région. Dans ce moment crucial, je voulais revenir sur les succès que nous avons construits ensemble ; rappeler l’importance des conventions qui nous lient et représentent un soutien annuel de 200 M€ (trois fois plus qu’il y a 15 ans); souligner enfin que la réussite de notre modèle est globale. Il est vital de penser ensemble production et diffusion. Il y a un volontarisme des collectivités, soucieuses d’attirer les tournages, mais on ne peut pas se réjouir des succès de Vingt dieux, En fanfare, Borgo, qui célèbrent nos territoires, et ne pas se préoccuper de former les futurs spectateurs pour notre cinéma, qui viendront aussi de ces territoires.
En ce début d’année, comme en 2024, la fréquentation cinématographique reste faible. Cette tendance vous préoccupe-t-elle ?
Si l’on regarde le verre à moitié plein, avec 181,5 millions d’entrées en 2024, nous confirmons que nous sommes le premier marché d’Europe et nous enregistrons la meilleure reprise postpandémique. Mais il manque une vingtaine de millions d’entrées par rapport à l’avant-Covid. Est-ce que je suis inquiet ? Non. Nous ne reviendrons pas automatiquement, ni même facilement, à 200 millions d’entrées, mais je suis confiant sur le fait que nous pouvons y arriver, si nous nous en donnons les moyens. D’abord sur le constat, nous avons quitté la période où le streaming progressait au détriment de la salle. Aujourd’hui, les études montrent que les deux expériences ne s’excluent plus l’une l’autre, et que ceux qui ont le plus d’abonnements streaming sont aussi ceux qui vont le plus en salle – il y a là une réserve précieuse de spectateurs réguliers pour nos films ! Et réciproquement. C’est pour cela qu’il ne faut pas opposer la salle et le streaming, la création cinématographique et la création audiovisuelle. Concrètement, que pouvons-nous faire pour remonter la fréquentation ? Il faut avant tout que l’offre soit au rendez-vous. Il faut ensuite remettre un peu de structure dans le marché, en réaffirmant quelques principes qui ne sont pas optionnels. La déprogrammation sauvage n’aide personne, pas même ceux qui s’y livrent! Enfin, il faut inventer pour et avec nos jeunes un autre rapport aux écrans et aux images.
Justement, où en est votre réflexion sur cet enjeu majeur ?
Il y a une urgence, celle de sauver Ma classe au cinéma. Avec 80 000 enseignants mobilisés et près de 2 millions d’élèves touchés chaque année, c’est la plus belle réussite de l’éducation artistique et culturelle. Certaines réformes récentes et le retrait de partenaires fragilisent ce succès. Mais l’urgence est aussi de porter une ambition plus vaste. Il faut changer d’échelle pour être à la hauteur de l’enjeu. Nous sommes entrés dans un nouveau stade de la civilisation des images. Au XXe siècle, l’image en mouvement a pris le dessus sur les autres formes de communication, l’écrit et le sonore. Des frères Lumière aux vidéos TikTok, c’est l’irruption de la vie dans la représentation qui a fait la force du cinéma et des images animées. Mais aujourd’hui, avec les réseaux sociaux justement, nous vivons une révolution dont il faut assumer de dire qu’elle est négative, parce qu’elle vide l’image animée de sa substance. Il y a un immense paradoxe : jamais nous n’avons autant regardé nos écrans, mais jamais nous n’avons aussi peu consacré de temps aux œuvres qui s’y trouvent. Dans la boucle infinie des réseaux sociaux, l’image perd de sa force d’éveil et de curiosité, de développement de l’esprit critique, pour devenir au contraire, souvent, un outil d’enfermement et de manipulation. L’image animée, qui a été fondatrice d’un rapport à la vérité et à une certaine beauté du monde, se trouve donc aujourd’hui l’agent d’une croisade contraire. Y remédier est un enjeu civilisationnel. C’est là que le défi de former une nouvelle génération de spectateurs rejoint celui de permettre à nos jeunes de reprendre le contrôle sur leurs écrans en inventant, grâce au cinéma, un autre rapport aux images.
Comment la mission confiée à Édouard Geffray peut relever ce défi ?
Vous aviez raison de dire, avant que nous ne commencions l’interview, qu’il était un peu le Tom Cruise du cinéma français, car c’est vraiment une mission impossible ! Ancien directeur général de l’enseignement scolaire et passionné de cinéma, Édouard Geffray était en tout cas le seul à même de relever ce défi, car il connaît les deux écosystèmes en profondeur. Il est donc capable d’exploiter pleinement leurs possibilités pour penser, de manière ambitieuse et ingénieuse, les termes d’une nouvelle articulation. Il a beaucoup consulté. Au vu de ses premières idées, il a vraiment identifié des leviers clés, qui vont permettre de faire de grands pas, avec un effort très mesuré. Chacun devra y contribuer. Notre écosystème devra notamment mieux reconnaître l’engagement des collectivités et des enseignants. Nous attendons maintenant qu’il remette ses propositions à la ministre de la Culture et à la ministre de l’Éducation nationale, et nous avancerons sur la base de la feuille de route que les ministres auront arrêtée.
Vous avez récemment réformé le soutien automatique de l’exploitation. En quoi cette révision vous semblait-elle importante?
L’aménagement cinématographique du territoire constitue une grande force du modèle français, et d’ailleurs notre premier atout pour sensibiliser les élus de la Nation à ce modèle. Aujourd’hui, nous achevons un cycle d’ajustements importants pour l’exploitation, avec la réforme de l’art et essai et la réforme du soutien automatique en mars. Ces deux réformes visaient à recentrer chaque dispositif sur sa vocation. Pour l’art et essai, le budget a été porté à un niveau historique de 19 M€. Nous récompensons davantage les exploitants qui prennent des risques en exposant des films moins porteurs tout en valorisant mieux le travail d’animation qu’ils effectuent. Pour le soutien automatique, l’enjeu était de mieux soutenir la moyenne et grande exploitation, qui ont été les plus fragilisées après la crise sanitaire, avec une fréquentation en berne de 15% et 25% respectivement, et un mur d’investissements à venir.
Vous venez par ailleurs de publier les lignes directrices de nouveaux engagements de programmation. Quel en est l’enjeu?
Les dernières lignes directrices dataient de 2022. Une mise à jour était nécessaire, à la lumière du rapport Lasserre et de la situation postpandémique. Ces nouvelles lignes directrices s’articulent autour de trois principes simples : maintenir le niveau d’exigence d’avant-Covid; mieux prendre en compte les spécificités, notamment locales, pour que notre régulation soit plus pragmatique et, partant, mieux acceptée; se donner des critères plus maniables s’agissant de la multidiffusion, pour mieux contrôler le respect de cette réglementation et sanctionner les abus le cas échéant. Ces lignes directrices serviront de base aux échanges avec les exploitants concernés et la médiatrice du cinéma pour définir les engagements individuels. Sachant que, grâce à la modification réglementaire intervenue récemment, le CNC aura le dernier mot en cas de désaccord persistant sur la teneur de ces engagements. Nous aurons abouti d’ici à la fin de l’année.
Quid des engagements de diffusion?
Leur principe est prévu dans la proposition de loi Cinéma, déjà adoptée au Sénat. Nous poussons pour un examen rapide à l’Assemblée nationale.
Lors de votre récente audition au Sénat, vous avez insisté sur le besoin de soutenir davantage la distribution. Quels leviers vous semblent les plus pertinents ?
Après le cycle consacré à l’exploitation, il était naturel de faire de la distribution une priorité. Ce chantier est complémentaire de celui de la diffusion. La distribution est doublement décisive, en amont pour le préfinancement des œuvres, et en aval pour la rencontre avec le public. Or c’est le maillon le plus à risque de la filière. Les distributions s’engagent très en amont sans aucune garantie de succès futur du film. En cas d’échec, ils sont les premiers exposés. Notre premier levier d’action porte sur les aides. Nous allons améliorer nos soutiens et, si besoin, renforcer nos moyens pour mieux récompenser la prise de risque. Je salue ici la qualité du dialogue que j’ai eu avec les organisations de la distribution. Nous partageons de nombreux constats, et je serai prêt à présenter une réforme globale de nos soutiens à la distribution à notre conseil d’administration de juin.
Quel regard portez-vous sur les relations entre distributeurs et exploitants ?
Actuellement, dans un contexte plus incertain, la tentation est forte de voir chez les autres la raison de tous les maux, alors que cette incertitude est évidemment multifactorielle. Certains phénomènes m’inquiètent, comme la fragilisation du bouche-à-oreille qui n’a plus le temps de se mettre en place. Certaines pratiques me semblent aussi injustifiables, comme la déprogrammation sauvage, qui asphyxie des films de manière irrémédiable. Cette situation a des raisons connues. Le paysage postpandémique est à la fois celui de la fin des VPF et celui de mutations de la fréquentation, qui se polarise vers les films “dont on parle”. Il y a donc plus de liberté des acteurs, mais aussi plus d’incertitude à gérer. Bref, chacun s’inquiète, donc chacun cherche à maximiser son avantage dans une logique court-termiste, et au final tout le monde est perdant, les films, les salles, les spectateurs. Quand on retire un film le vendredi, après deux jours d’exploitation, on fait beaucoup de mal à ce film et, plus largement, on affaiblit l’un des piliers de notre modèle, la “semaine cinématographique”. Voulons-nous une programmation au jour le jour, comme cela se fait en Asie? Point positif, le diagnostic me semble relativement partagé, comme l’envie de trouver des solutions. La difficulté est que personne ne souhaite faire le premier pas, par crainte d’être pénalisé par rapport à d’autres. Il faut sortir de ces logiques. C’est pour cette raison que j’ai décidé d’installer un comité de concertation paritaire entre exploitants et distributeurs, sous l’égide du CNC. Je fais le pari que nous y parviendrons par la concertation, plutôt que par la contrainte.
Depuis 2024, le CNC a mis l’accent sur la diffusion à travers un grand plan. Comment comptez-vous accentuer cette dynamique ?
Cet accent mis sur la diffusion a constitué une inflexion majeure, voulue par la ministre. Pour autant, c’est en complète cohérence avec le reste de notre action puisque la vocation des œuvres que nous soutenons, c’est qu’elles soient vues par le plus large public possible ! Sur ce sujet, nous procédons de façon méthodique. Nous nous sommes d’abord attachés à identifier les fragilités de nos outils de diffusion et à y apporter des réponses ciblées : je pense ici aux circuits itinérants, aux cinémathèques, aux festivals locaux et aux médiateurs en salle. Ensuite, nous avons travaillé les “muscles profonds” de notre modèle, en réformant récemment le soutien automatique à l’exploitation car à nouveau, ce qui fait la première force du cinéma en France, c’est notre maillage incomparable de salles. Enfin, l’enjeu prioritaire désormais est de travailler la diffusion à l’égard des nouvelles générations. Nous avons mis en place en ce sens des programmes innovants (ambassadeurs jeunes) et nous travaillons donc d’arrache-pied pour que l’éducation au cinéma fasse sa révolution copernicienne.
L’arrêté d’extension de la chronologie des médias a été contesté par Netflix et Prime Video devant le Conseil d’État. Quelle est votre réaction ?
Ces recours auraient pu être introduits également en référé, ce n’est pas le cas. La procédure donne du temps à la justice – plusieurs mois –, mais aussi – de l’aveu même de ceux qui en sont à l’origine – du temps pour reprendre la discussion avec les organisations professionnelles du cinéma. C’est une discussion que nous appelons de nos vœux.
Quel regard portez-vous sur les récents accords entre les diffuseurs et les organisations du cinéma sur le financement de la création ?
Le bilan de ces nouveaux accords est très positif. Ils ont permis de stabiliser et de sécuriser le financement de la production cinématographique à un niveau ambitieux. Je me réjouis d’abord de l’engagement renouvelé de Canal+, dont il faut saluer le rôle historique et toujours premier dans le financement de notre cinéma. Je me félicite également de l’engagement de Disney+. Un acteur historique, un “nouvel” entrant: cela montre que notre système est robuste et plastique. Cela ne signifie pas que tout est parfait et qu’il faut tout figer. Les discussions se poursuivent et nous souhaitons tous qu’elles soient constructives. Mais encore une fois, au regard des réussites de notre modèle – et en particulier de la qualité de notre production – je crois fermement qu’il faut se garder de la tentation de la table rase.
La lutte contre les VHSS a été un des axes forts au cours des dernières années. Comment amplifier cette dynamique ?
Les violences sexistes et sexuelles traversent toute la société. Elles ne sont donc pas propres au monde culturel, mais elles y trouvent un terrain favorable, en raison du cumul de facteurs de risque (précarité, métier “passion”, enjeux réputationnels, configurations et convivialité propres aux tournages, etc). La culture, pourtant, porte une promesse d’ouverture aux autres, de dialogue, de respect, qui rend d’autant plus insupportables les violences commises en son sein. Le cinéma a toujours inspiré ; si on veut que cela continue d’être le cas, il faut qu’il soit – que nous soyons tous – pleinement cohérent avec cette exigence d’exemplarité. Le travail de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale est donc très bienvenu: il a permis une libération de la parole, qu’il faut continuer d’encourager; il fait une analyse systémique de ces violences ; et, il confirme la pertinence de la voie dans laquelle le CNC s’est engagé il y a cinq ans (en conditionnant ses aides, permettant de former 6800 mandataires sociaux), tout en ouvrant des perspectives pour prolonger et amplifier cette action. Sur la parité, par exemple, cela fait deux ans que les indicateurs stagnent. Nous n’allons pas attendre une troisième année confirmant cette tendance pour revoir nos modes d’action.
Florian Krieg
© crédit photo : CNC
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