Télévision

Tribune présidentielle 2022 - "Goûter la différence" (Rémi Lainé, Scam)

Date de publication : 24/03/2022 - 10:00

 À l'approche de l'élection présidentielle, Le film français propose aux organisations professionnelles du cinéma et de l'audiovisuel de prendre la parole sur leurs attentes vis-à-vis du prochain quinquennat. Aujourd'hui, Rémi Lainé, réalisateur et président de la Scam, interpelle les candidats pour préserver l'audiovisuel public.

France Télévisions et son soutien aux programmes de qualité qui fédèrent par des œuvres ambitieuses tous les âges et les classes socio-professionnelles.

Arte, label européen plébiscité dans les banlieues, les campagnes comme dans les beaux quartiers.

Radio-France et ses cartons d’audience.

La marque « service public » de la radio et de la télévision s’est installée au cœur de la société française.

À écouter les candidats d’une élection déterminante pour l’avenir du pays, il y a quelques raisons de s’inquiéter pour l’avenir de ce bel outil unique d’information, de culture et d’éducation. A l’extrême-droite, nulle pudeur : on revendique sa destruction. On n’en attendait pas moins. Mais l’inquiétude vient davantage des autres candidats, Emmanuel Macron en tête, qui sans s’attaquer frontalement au périmètre de l’audiovisuel public, annoncent la suppression de la contribution à l’audiovisuel public. Au prétexte d’un cadeau aux contribuables. Foutaise. Le vrai cadeau, la véritable ambition serait d’avoir le courage de dire que le service public est un bien commun, qu’il a besoin d’un financement suffisant, stable et pérenne qui garantisse son indépendance. Qui assurerait aux journalistes les moyens de travailler dans de bonnes conditions et permettrait de battre en brèche les assauts d’infox et l’omniprésence de médias anxiogènes qui érodent la cohésion nationale. Un financement pour des émissions qui appellent à la réflexion, pour des films aux écritures diverses, des documentaires empreints de singularité.

Le soutien du financement de l’audiovisuel public est indissociable d’une politique d’éducation aux médias. Indissociable de la mise en place, en France et en Europe, de législations efficaces pour assurer l’indépendance des médias audiovisuels ou de presse écrite, en dehors des consortiums dont on a pu mesurer par le passé le tropisme miroir aux alouettes et la fiabilité aléatoire.

La Scam, c’est d’abord une communauté d’autrices et d’auteurs. 6500 documentaristes et reporters qui œuvrent pour les « majors » du service public. Ce sont 15 000 journalistes au total. Ce sont près de 50 000 membres, vidéastes, photographes, écrivaines et écrivains, gens de radios qui, s’inspirant de la réalité qui nous entoure, irriguent tous les canaux de diffusion. Nous sommes partout, sur tous les supports, en connexion permanente avec le pays, nous nous adressons chaque jour à des dizaines de millions de citoyens.

Nous sommes légitimes pour agir comme force de proposition. Nous avons recensé huit mesures essentielles pour garantir la liberté de créer et d’informer dans les meilleures conditions. Nous les avons soumises à chaque candidat. Elles pourraient être intégrées dans une loi-cadre, débattue au cours du prochain mandat présidentiel. Nous attendons des réponses parce qu’elles nous semblent nécessaire pour consolider ce qui, depuis Beaumarchais et la création de 'droit des auteurs', renvoie à l’idée d’une communauté nationale.
 

Florian Krieg
© crédit photo : B. Geminel


L’accès à cet article est réservé aux abonnés.

Vous avez déjà un compte


Accès 24 heures

Pour lire cet article et accéder à tous les contenus du site durant 24 heures
cliquez ici


Recevez nos alertes email gratuites

s'inscrire