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Sortie en VàD de "Nuestras Madres" : Eric Lagesse (Pyramide) s’explique

Date de publication : 14/05/2020 - 17:25

Le 16 juin, Pyramide lancera en VàD le premier long métrage du guatémaltèque César Diaz qui a obtenu en mai 2019 la Caméra d’Or et une dizaine de prix internationaux. Le fondateur et le pilote de la société, qui devait le sortir en France le 8 avril, détaille les raisons qui ont motivé cette arrivée en numérique.

Comment aviez-vous envisagé la sortie d’origine en salles de Nuestras Madres ?
Eric Lagesse : Le réalisateur, qui habite au Guatemala, mais qui a fait toutes ses études en Belgique et parle parfaitement français, était le candidat idéal pour faire la tournée province gigantesque que nous avions prévue. Nous avions calé 100 avant premières et nous avons pu en faire quarante. Les 60 prévues pour le restant du mois de mars devaient se dérouler dans le cadre du Mois du Cinéma Latino dans le Sud-Ouest, qui avait motivé entre autres notre souhait de sortir le film à cette date. C’est ce que nous avons souvent fait sur nos films latinos. Nous pensions que nous pourrions faire alors beaucoup d’entrées scolaires, car ouvrir ce type de cinéma au jeune public, par l’éducation à l’image, est l’un des buts que Pyramide se fixe. Nous avions ainsi 7 000 scolaires prévus. Tout cela a été remis en cause par le confinement.

Que s’est-il passé avec la crise sanitaire et ses conséquences ?

Nous nous sommes retrouvés dans la situation d’un film qui était prêt pour Cannes en 2019. Qui en repart avec la Caméra d’Or. Et qui s’était vendu plutôt très bien dans le monde entier. Nuestras Madres avait donc déjà un an. Les productrices françaises et belges qui avaient levé Eurimages et qui attendaient, dans une période difficile pour la production indépendante, que des fonds soient levés avec la sortie française avaient donc accepté cette sortie le 8 avril. Avec la crise du Covid, je me suis retrouvé avec sept films de mon line-up à reprogrammer. Avec une question cruciale au cœur de ma réflexion : "Qu’est-ce que je reprogramme en premier et qui fera venir le public" ? Est-ce un film sur les parfums avec Emmanuelle Devos, The singing club, une comédie feelgood intelligente et émouvante avec Kristin Scott Thomas ou un drame subtil et fort sur le génocide au Guatemala, comme Nuestras Madres. Je choisis Les parfums qui je pense pourra faire revenir les gens en salle. Après une décision qui a été difficile à prendre, j’ai proposé alors au réalisateur et aux productrices cette sortie VàD. César Diaz, n’avait plus envie d’attendre et voulait tourner la page et préparer son prochain opus. Les productrices avaient des financements à faire rentrer dans leur société. C’est une décision que nous avons prise tous ensemble. Mon travail, c’est que les films marchent et qu’ils soient vus. Ce n’est pas une décision financière que je prends. Je vais sans doute perdre de l’argent sur ce film. Il pouvait aller je pense jusqu’à 80 000 entrées. Je suis désespéré de ne pas avoir pu l’exposer en salle. Nous portons ce film depuis le scénario. En nous engageant sur un premier long métrage avec un réalisateur inconnu et des productrices avec qui nous n’avions jamais travaillé. C’était une prise de risque énorme. Nous allons donc au plus pragmatique pour que ce film ne soit pas oublié ou reporté aux calendes grecques. On s’est rendu compte en ces temps particuliers que la VàD marchait très bien car le public a de l’appétence pour des productions inédites. Il fallait en profiter.

Avez-vous eu l’option d’une vente à une plateforme ?
Ce n’est pas un film pour Netflix ou Amazon. Notre idée, c’est de sortir Nuestras Madres via UniversCiné sur plusieurs plateformes et évidemment d’accompagner cette sortie. Il sortira donc en téléchargement définitif le 11 juin, et le 16 juin en VàD. Nous travaillerons plus tard sur une sortie en DVD.

Comment préparez-vous cette sortie VàD ?

Nous avions déjà une bande annonce, une affiche, investi dans des publicités. Nous allons travailler avec l’attachée de presse pour que cette sortie ait le plus large écho. Avec le soutien du réalisateur. Notre partenariat avec France Inter est confirmé. Les autres sont en discussion.

Vous êtes aussi le vendeur international de Nuestras Madres. Quid du reste des sorties dans le reste du monde ?
Il est déjà sorti en salle en Belgique. Aux Etats-Unis, ce sera une sortie directe en VàD. D’autres distributeurs internationaux devront aller, comme moi,directement sur la VàD. Je pense que des films comme Nuestras Madres seront réintégrés quand les salles auront retrouvé leur vitesse de croisière.

Comment calez-vous le reste de votre line-up à l’aune de la situation actuelle ?
The Singing Club, de Peter Cattaneo, qui devait être lancé le 8 juillet, sortira en novembre. Les parfums, de Grégory Magne, est daté au 16 septembre, Voir le jour de Marion Laine sera lui en salle le 19 août. Le 7 octobre, place à Yalda, la nuit du pardon de Massoud Bakhshi. L’Ours d’Or de Mohammad Rasoulof, Le diable n’existe pas, calé un temps début août, arrivera le 2 décembre.

Comment voyez-vous au final la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui ?
J’ai bon espoir que nous sortions de tout cela. Je reste positif et optimiste. L’idée de penser que cette sortie VàD, c’est baisser les bras, d’essayer d’aller au plus riche, est totalement fausse. Cela vient d’une décision collégiale que n’avons pas prise à la légère. Mon travail de président de Pyramide est de faire avancer cette société et de faire au mieux. Nous avons toujours accompagné et défendu le cinéma d’auteur.

Francois-Pier Pelinard-Lambert
© crédit photo : Pyramide


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