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Télévision

Sunny Side 2020 : une édition en ligne et ambitieuse

Date de publication : 06/05/2020 - 09:47

La version connectée du marché international du documentaire a réussi à maintenir la plupart des rendez-vous de son édition physique : panels, échanges avec les décideurs, présentations de line-up... D’autres annonces suivront d’ici la fin mai.

La thématique, l’Histoire, et les dates de la 31e édition, du 22 au 25 juin, annoncées bien avant l’épidémie de Covid-19, n’ont pas été modifiées. Mais, conséquence de la crise sanitaire qui frappe le pays depuis maintenant deux mois, ce n’est pas physiquement que les professionnels du documentaire se retrouveront, à la fin de la saison, sous la halle de l’espace Encan de La Rochelle.
Dès le 17 mars, les organisateurs du Sunny Side avaient pris des dispositions afin de pouvoir organiser les sessions de pitches du marché international du documentaire en ligne. Le 9 avril, ils annonçaient une édition 2020 "connectée". "Une annulation aurait été catastrophique pour le secteur. Pour nous, il n’en a d’ailleurs jamais été question", rappelle aujourd’hui Mathieu Béjot (photo) au Film français. L'ancien délégué général de TV France International est désormais directeur du développement et de la stratégie du marché, au côté de Roman Jeanneau, gérant de Doc services, la société organisatrice du Sunny Side of the Doc et de l’Asian Side, depuis le décès, le 14 novembre dernier, d'Yves Jeanneau, qui avait cofondé le marché.

Un nombre de pitches record
Ce 31e Sunny Side proposera des "conférences, des ateliers pratiques sans oublier les sessions de pitches, si nécessaires pour la poursuite de la création et de l’industrie", souligne Mathieu Béjot dans le communiqué de la manifestation, qui espère "apporter un soutien sans faille aux professionnels du monde entier". Comme les organisateurs du festival et du marché international du film d’animation d’Annecy le relevaient il y a quelques jours, l'attente est palpable, constate-t-il.

Première illustration de "la demande pressante en nouveaux contenus", "le nombre historique de projets soumis aux sessions de pitches cette année", à "près de 350 portés par 250 sociétés indépendantes et issus de 37 pays parmi lesquels le Canada, l’Allemagne, les États-Unis, l’Espagne ou l’Italie, et aussi l’Australie, l’Ukraine, la Finlande, le Brésil, la République Tchèque, Israël, la Corée du Sud ou le Japon", versus 222 en 2019, soit une augmentation de 58%. "C’est une très très bonne surprise. On ne s’y attendait pas", reconnaît Mathieu Béjot.

Préserver du temps pour les rencontres, même délinéarisées
L’offre de programmes à laquelle les participants auront accès, moyennant une accréditation d’un montant de 200 € HT (590 € habituellement), combine des contenus préenregistrés et d’autres en direct. Les deux formats pourront coexister au sein d'une même session qui démarrera, par exemple, avec la vidéo d'un intervenant (toujours accompagné d'un modérateur, dans un lieu distinct, pour dynamiser l'intervention), suivie d'une session de questions-réponses en live, afin de préserver le principe d'interactivité propre aux évènements comme le Sunny Side.

"Pour les édition connectées, l’une des problématiques porte sur le fait que les personnes se rendent disponibles. Ensuite, comme pour toute manifestation, l’enjeu du Sunny Side, c’est la rencontre. Il faut donc dégager du temps pour que ces rencontres puissent avoir lieu, par exemple en mettant les ressources à disposition plus longtemps". La vidéothèque numérique du marché sera ainsi accessible jusqu’à la fin de l’année ont déjà annoncé les organisateurs. Certains contenus préenregistrés pourront également être disponibles au-delà du 25 juin, dans des délais à préciser. Les mettre en boîte en amont permettra en outre d’éviter les problèmes de bande passante, explique Mathieu Béjot. Certains, comme les pitches, bénéficieront de deux sessions par jour. D’autres seront proposés à heure fixe.
"Nous avons privilégié les formats ramassés et les sujets concrets", explique-t-il également. "En ligne, les choses doivent être plus resserrées. Nous avons donc laissé tomber les thématiques plus généralistes". Comme, par exemple, un showcase qui devait être consacré aux séries d’Histoire, et leurs problématiques (de financement, de diffusion, de circulation…).

Des rendez-vous autour de la thématique Histoire
Le programme Histoire s'attardera sur les archives, particulièrement prisées par les acheteurs des chaînes et des plateformes en ces temps de confinement où tous les tournages sont à l’arrêt, relève le Sunny Side.
Quatre ateliers de 30 minutes seront proposés, "conçus et animés par Elizabeth Klinck, recherchiste sur la valeur ajoutée et les innovations dans l’usage des archives notamment pour la narration des programmes Histoire". Chacun d’eux favorisera l’échange d’expertises de sociétés d’archives et offrira une approche pragmatique sur le plan éditorial, technique et financier, fait valoir l’organisateur.

Dans le premier, intitulé Sourcing, Autentic Distribution "reviendra sur l’importance de la recherche d’images d’archives inédites et surprenantes", à travers le film Berlin 1945, qui "reconstruit la vie des populations libérées des camps de concentration, mais donne également la parole aux soldats soviétiques, américains, britanniques et français ainsi qu’à la population civile allemande meurtrie par le conflit".
Le deuxième, Restauration, colorisation et VR, traitera du nombre croissant de documentaires historiques qui offrent des archives entièrement restaurées et souvent colorisées. "Ces nouvelles techniques permettent une appréhension beaucoup plus aigüe des périodes qu’elles couvrent. Meilleure empathie ou artifice éditorial ?", interroge le communiqué.
Un troisième atelier s’intéressera à l’aspect Coût et négociation : "que le film produit utilise un faible pourcentage d’archive ou soit constitué d’archives à 100 %, ces archives ont un coût. Quels droits pour quel prix ? Que nous soyons sur des droits monde ou pour certains territoires, comment établir son budget ? Quelles sont les solutions de production ? De l’achat de droits au partenariat et passant par la coproduction, quelles sont les meilleures solutions en fonction du projet ?".
Le quatrième, Marché et audience, étudiera comment les films d’archives sont perçus selon les territoires. Le genre archive fonctionne-t-il mieux sur des sujets précis ? Cette session a l'ambition d'offrir "un panorama international sur les audiences des films d’archives".

Réconcilier le public jeune avec les documentaires historiques
Toujours en lien avec la thématique Histoire, cette édition connectée proposera des sessions de Meet the Executives, dans lesquelles des diffuseurs et des plateformes de SVàD expliquent leur stratégie. Les intervenants annoncés à ce jour sont Simon Young (BBC), Fatima Salaria (Channel 4), Catherine Alvaresse (France Télévisions), Susie Jones (ABC), Mikael Osterby (SVT), Jorge Franzini (Curiosity Stream) et Alex Hryniewicz (Little Dot Studios).
D’un point de vue pratique, la session sera bâtie autour d’une séquence enregistrée (avec l’intervenant et le modérateur, comme expliqué précédemment), suivie d'une séance de questions-réponses, posées soit à l’issue, soit pendant l'intervention…

Un panel intitulé "Histoire et la conquête des publics jeunes" complète le programme thématique. Articulé autour d’exemples récents de la BBC et l’INA, il expliquera comment, "incités à développer de nouvelles formes de narration conformes aux nouveaux usages, les chaînes de télévision et producteurs indépendants se sont vus libérés du carcan de la 'case programme', des contraintes propres à un type particulier d’écran ou encore des arcs narratifs classiques, au profit d’une multiplicité d’approches et de supports".
"Son format n’est pas encore arrêté. Mais il est possible qu’il soit en live", informe Mathieu Béjot.

Enfin, les participants pourront suivre une "étude de coproduction internationale", en l’espèce, "sur un projet historique événement 20 ans après les attaques terroristes du 11 septembre 2001 menée par John Smithson (Arrow Media) pour PBS (Etats-Unis), Channel 4 (Royaume-Uni) et Arte France" (titre du documentaire non communiqué).

L'immersion au coeur de l'offre à travers le festival PiXii
Via PiXii Festival, pan dédié aux cultures digitales organisé en synergie avec le Sunny Side, les professionnels se verront proposer un panel intitulé Distribution des œuvres immersives, la quadrature du 360. Comment envisager la co-conception et la coproduction en amont d’une œuvre immersive au-delà de l’exposition physique au sein d’un opérateur culturel ? Quelles stratégies de diffusion ? Faut-il monétiser à tout prix ou envisager une méthode agile ? sont quelques-unes des questions auxquelles tenteront de répondre des représentants de l’Institut du monde arabe, Ubisoft, Smithsonian Institution, le Château de Versailles, notamment.

Des sessions baptisées Accélérateurs PiXii, permettant la mise en relation des opérateurs culturels du monde entier avec les producteurs nouveaux médias et distributeurs d’œuvres numériques et immersives, présenteront plusieurs études de cas. Exemple : En tête-à-tête avec la Joconde, "première expérience en VR proposée au public par le Musée du Louvre", conçue dans le cadre de l’exposition Léonard de Vinci.
Le Grand Palais et Gédéon Programmes proposeront également Pompéi, l’Expérience VR, en lien avec l’exposition immersive qui devrait ouvrir ses portes en juillet prochain en collaboration avec le Parc archéologique de Pompéi, précise le Sunny Side.
Dans le même temps, l’Unesco, en association avec Ubisoft, évoquera la visite virtuelle de la cathédrale Notre-Dame de Paris, présentée au grand public durant les Journées du patrimoine.

Un programme concomitant à Meet the Executives sera proposé dans PiXii Festival avec les plateformes numériques des chaînes de télévision ainsi que les opérateurs culturels pour faciliter les collaborations créatives et innovantes : France Télévisions, National Geographic, le Centre Phi de Montréal, Metropolitan Museum of Art (MET) de New York (sous réserve)…

La dimension internationale de Sunny Side également présente en ligne
Des rendez-vous avec "la communauté documentaire internationale" sont en outre prévus. "Plus que jamais, la structuration et la consolidation du réseau international des professionnels du documentaire s’avère nécessaire", insiste le Sunny Side. Ce dernier annonce des sessions de matchmaking avec les délégations étrangères de producteurs et productrices basés au Canada, en Chine, en Italie, afin d’"identifier les contacts, nouer des relations, cocréer des projets de coproductions internationales".

Les sessions Meet the Experts permettront, elles, aux professionnels accrédités de bénéficier pendant toute la durée du marché "de consultations individuelles auprès d’experts internationaux", qu’il s’agisse d’institutions, de distributeurs, de fonds internationaux, chaînes de télévision… pour les aider dans leurs démarches auprès des décideurs et partenaires potentiels de tous ordres, comme, par exemples, le CNC, Europe Creative, XR Hub, KissKissBankBank, France Télévisions, Arte, Lion TV…
Accessibles sur inscription, elles seront organisées sous forme de sessions d’une vingtaine de minutes.

Nouveauté, en réponse à l’annulation de plusieurs festivals documentaires partenaires du Sunny Side, Best of festivals offrira à chacun de ces événements la possibilité de diffuser une sélection de films "coup de cœur" de leurs programmations 2020, disponibles dans la vidéothèque numérique. Dok Fest Munich, Hot Docs, Sheffield Doc Fest, One World (East Doc Platform), CPH:DOX, Festival International des Droits Humains, Movies That Matter et DocuDays UA ont d’ores et déjà répondu présents.

Le CNC et les line-up de diffuseurs au rendez-vous ainsi qu'un hommage à Yves Jeanneau, le cofondateur du Sunny Side
L’intervention du CNC, toujours très suivie dans le grand auditorium de l’Encan, et très mouvementée, ces dernières années, eu égard aux différentes réformes du compte de soutien de documentaire et des économies récentes en vigueur au centre, sera maintenue, avance d’ailleurs le Sunny Side. Entre la revue des aides en cours, pilotée par Vincent Leclercq, et les conséquences du Covid-19 sur l’industrie, les sujets ne manquent pas, remarquent les organisateurs. Toutefois, les intervenants n’ont pas été arrêtés à ce stade, ni la forme, même si on peut imaginer une présentation enregistrée, avec des statistiques en ligne, et une session de question-réponses, soumet le Sunny Side.

Principe identique pour les présentations de line-up des diffuseurs et de plateformes, également toujours très prisées par les professionnels, en premier lieu les producteurs. "Nous allons en redéfinir les contours, et les formats devront être là aussi plus ramassés", prévient Mathieu Béjot. A priori, ces présentations devraient être enregistrées, des sessions de questions-réponses les complétant. "Nous voulons absolument qu’il y ait de l’interactivité. Son principe est acquis. Les modalités sont à définir". La liste des intervention sera communiquée ultérieurement. Habituellement, elle réunit France Télévisions, Arte, le groupe Canal+, RMC Découverte, Histoire..., pour ne parler que des Français. L'an dernier, Netflix s'était livré à l'exercice, provoquant une file d'attente digne d'un concert d'une rock-star internationale. Une seconde session avait d'ailleurs due être organisée au pied levé pour contenter tous les candidats.

Une offre de stands virtuels, en cours de finalisation, devrait en outre être proposée dans les prochains jours. Elle devrait reposer sur trois types d’offres : une standard, qui comprendra un salon et permettra de donner des rendez-vous par visioconférence directement via le site du Sunny Side (et ainsi éviter d’avoir à les programmer sur un logiciel extérieur, avec des codes à récupérer, puis à transmettre…) ; une premium avec davantage de salons ; et une autre sous forme d’ombrelle.

Le 31e Sunny Side sera aussi le premier sans Yves Jeanneau. Il était prévu qu’un hommage lui soit rendu, à La Rochelle. Il le sera, lors de cette édition en ligne, mais sous une forme différente qui sera détaillée ultérieurement.

"Une édition très difficile" financièrement mais dont il restera des bénéfices sur le fond et et la forme en 2021
Le coût de cette édition numérique n’est pas encore chiffré, celle-ci n’étant pas finalisée. "Il y une inconnue sur les accréditations [déjà ouvertes, Ndlr], les stands… Ce qu’on peut dire, c’est que pour nous, il s’agit d’une édition très difficile", répond Mathieu Béjot.
En revanche, les organisateurs savent déjà qu’il restera quelque chose de cette expérience en 2021, dont la manifestation, qu’ils espèrent physique, devra être complétée par un dispositif en ligne. Comme d’autres dirigeants de marchés et de festivals qui ont choisi cette option du numérique, celle-ci a ouvert le champ des possibles, à certains égards. "L’avantage de ce format, c’est que l’on va pouvoir toucher plus de monde et que cela va nous permettre d’élargir le spectre des décideurs, par exemple", observe Mathieu Béjot. Même chose pour les participants. A l’avenir, proposer certains contenus à distance offrirait une possibilité de garder ces nouveaux venus, s’ils ne pouvaient pas se déplacer.

L’agenda heure par heure sera communiqué à la fin mai, soit dans les temps de la conférence de presse initiale du Sunny Side of the Doc, qui avait été fixée au 27 mai, à la Scam, à Paris.

Emmanuelle Miquet
© crédit photo : Sunny


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