Cinéma

Annecy 2016 - Convention collective : Les étudiants se mobilisent contre l’échelon "junior"

Date de publication : 18/06/2016 - 08:50

Rejoints par un nombre croissant de jeunes professionnels, les étudiants ont utilisé le festival comme caisse de résonance, promettant d’intensifier leurs actions au cours des prochains jours.

"SPFA, arrête ton cinéma !" Le slogan a résonné jeudi en début de soirée dans le grand hall de Bonlieu, au milieu de festivaliers étonnés de l’ampleur du mouvement (photo). Certains étudiants, équipés du brassard orange qui constitue leur signe de ralliement depuis le début du mouvement, avaient un temps pensé faire une petite démonstration au Mifa, mais la sécurité présidentielle, quelque peu à cran du fait de la venue de François Holllande, déjà attendu de pied ferme par un comité d’accueil de la CGT, les en avait assez fortement dissuadés, allant jusqu’à confisquer les accréditations d’une trentaine d’entre eux. Une réaction aussi arbitraire que disproportionnée, d’autant que la plupart étaient là pour des rendez-vous professionnels. Résultat, un groupe de plus de 200 participants a décidé d’investir Bonlieu, déployant des banderoles qui clamaient "La french touch au rabais" et "Pros et étudiants contre le l’échelon junior".

Le point de crispation passe par le premier accord potentiel intervenu fin avril dans le but de renégocier une convention collective dont la liste des métiers n’avait pas évolué depuis 2004. Un problème majeur pour un secteur qui a connu des mutations profondes, notamment avec la généralisation de la 2D numérique et le développement de la 3D. Parmi les propositions du SPFA, figure celle de remodeler la grille autour du métier d’animateur en l’organisant selon différents échelons allant de chef animateur confirmé à animateur junior. Une fois connue, la proposition a ulcéré les étudiants en animation. Deux collectifs se sont constitués spontanément, Velma de Troy et l’Aeca (Association des étudiants en cinéma d'animation), qui devraient prochainement se regrouper sous la forme d’une Guilde de l’Animation.

"Cet échelon se situe au niveau d’un assistant animateur qui n’est pas du tout un animateur. Ce sont deux métiers différents" précise Fanou Lefebvre, étudiante en troisième année aux Gobelins et porte-parole de l’Aeca. "Or, dans les faits, certains gros studios de 3D utilisent des assistants-animateurs pour faire de l’animation. La création de cet échelon correspond donc à une légalisation de cette pratique. Nous sommes tout à fait d’accord avec le fait qu’il faille s’adapter et savoir évoluer quand on entre en entreprise. Le problème est que le SPFA considère qu’un salaire de 118 € par jour est un salaire de confirmé, alors que nous estimons que c’est un salaire de débutant". Le niveau minimal de rémunération prévu pour l’échelon junior serait de 90 à 98 € brut par jour. Or du fait du coût parfois élevé de leurs études certains étudiants entrent dans la vie active avec des prêts à rembourser.

La prochaine réunion de négociation est prévue pour le 7 juillet. Si les étudiants ne contestent pas la nécessité de redéfinir les métiers de l’animation, notamment dans la 3D, ils entendent rencontrer le SPFA avant cette date, afin de signifier leur opposition totale à cet échelon junior. "Nous sommes de plus en plus nombreux et nous entendons leur faire entendre qu’ils devront réfléchir à deux fois avant de précariser les nombreux étudiants sortant d’écoles, qui sont de plus en plus hors de prix. Sur le Reca (Réseau des écoles françaises de cinéma d’animation) on est à 6130 € de coût d'études en moyenne par an, avec un âge moyen d’entrée sur le secteur à 26 ans. La durée moyenne des études est de cinq ans, parfois huit. Cela fait un niveau d’ingénieur pour un salaire à 1400 € nets par mois. Ce n’est tout simplement pas jouable, sachant que quatre postes sur cinq sont à Paris", conclut Fanou Lefebvre.


Patrice Carré
© crédit photo : Festival d'Annecy


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