Cinéma

Congrès FNCF 2017 - Écrans LED dans les salles, une révolution, mais pour quand ?

Date de publication : 29/09/2017 - 08:37

Alors que Samsung a lancé cet été à Séoul son Cinema Screen et que Sony a fait des démonstrations très suivies à Deauville, la perspective de l'arrivée de cette technologie dans les salles a commencé à faire débat dans les allées du Congrès.

Au premier abord, les démonstrations faites par Sony de sa technologie d'écran d'affichage direct Crystal LED, avec une projection HDR en résolution 4K sur un écran prototype de 4,8x2,7 mètres, ont bluffé l'ensemble des congressistes. La firme mettait ainsi en avant pour la première fois en France sa technologie Crystal LED. Chaque écran est composé par l'assemblage de plusieurs modules, ce qui permet de varier les combinaisons à l'infini en termes de dimension et de forme, et facilite l'installation dans des lieux existants. Ces modules sans bord permettent une jointure parfaite, aucune ligne quelconque de séparation n'étant visible à l'œil nu. L'impression de quasi relief et l'extrême luminosité des images ainsi projetées – mais sans doute faut-il dire dans le cas présent, diffusées – ont marqué les esprits et les rétines.

L'installation de telles solutions sans projecteur marquerait en tout cas une rupture totale avec plus d'un siècle d'exploitation cinématographique. Plus de cabines de projection mais une régie type broadcast, gradinage des salles à repenser, c'est une notion même d'espace et d'agencement qu'il faudra totalement réinventer, avec, à la clé, un gain de places supplémentaires. En privé, de nombreux installateurs confirment que la réflexion est en cours au sein de certains circuits européens. En Corée, le pas a déjà été franchi, le Samsung Cinema Screen ayant déjà été équipé dans une salle de Séoul cet été pour une exploitation commerciale test (cf LFF 3768).

Mais les hypothèques techniques ne manquent pas. "Ce n'est tout simplement pas un produit cinéma", assène un fin connaisseur du secteur. Le fait est que le taux de contraste affiché de 1 000 000:1, tout simplement énorme, correspond à des normes de diffusion en plein jour. D'ailleurs, la salle de démonstration choisie par Sony ne baignait pas dans le noir absolu, l'écran ayant été vraisemblablement bridé. Lors de la séance, qui proposait la diffusion des bandes-annonces de Spider-Man: Homecoming, Passengers (en 4K HDR), Blade Runner 2049 et une séquence d'Un jour dans la vie de Billy Lynn (tourné en HFR), on ne manquait pas de remarquer une absence de matière dans les hautes lumières, dont le rendu était particulièrement éblouissant, ainsi que des effets de flickering sur certains mouvements rapides, hormis sur Billy Lynn. Le HFR jouait alors pleinement son rôle, tout en nécessitant une certaine accoutumance avant de profiter pleinement du spectacle.

Difficile néanmoins à ce stade d'imaginer une projection complète de film, au risque de puissantes migraines ophtalmiques. En France, une salle qui se doterait à ce jour d'un tel équipement ne pourrait tout simplement pas être homologuée en raison de l'absence de normes Afnor de référence. Et le coût est encore prohibitif. Alors que Samsung annonce 500 000 € HT, celui de Sony pourrait atteindre 750 000 € HT selon certains intégrateurs généralement bien informés. Des prix très élevés qui seront sans doute amenés à baisser rapidement. Mais la maintenance et l'entretien de tels systèmes devraient également représenter des postes de dépenses non-négligeables. Et comment réharmoniser la luminosité de l'ensemble si l'on change simplement une ou plusieurs cellules ? La question du son se pose aussi de façon cruciale, les configurations existantes étant à repenser totalement. Les deux constructeurs ont promis de proposer, sous peu, des solutions, sachant que le son ne peut plus passer au travers des écrans.

Mais la proposition existe et l'idée fait son chemin. Si l'arrivée d'une telle technologie dans les salles semble dores et déjà assurée, la date de son déploiement fait débat. Le marché asiatique et le rythme frénétique d'ouverture d'écrans, que connaît notamment la Chine, semblent destinés à servir de tremplin idéal aux grands écrans LED. A contrario, le fort taux d'équipement européen et américain permet de penser que de telles solutions resteront longtemps marginales sur ces territoires ou interviendront en complément. Quoi qu'il en soit, après le grand virage du numérique, c'est une autre révolution qui s'annonce et pas des moindres. L'essor de cette technologie entérinerait la victoire de la dalle au détriment d'un vieux couple historique, celui du projecteur et de son écran.

Patrice Carré
© crédit photo : Sony Digital Cinema


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