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Cinéma

Annecy 2018 – WIP "La fameuse invasion des ours en Sicile" : "Je voulais faire un film hors du temps"

Date de publication : 14/06/2018 - 08:30

Lorenzo Mattotti a dévoilé à Annecy, lors d’une séance de Work in Progress, avec Thomas Bidegain, coscénariste du film et interprète d’un des personnages, et les producteurs Valérie Schermann et Christophe Jankovic, comment il a adapté le célèbre roman de Dino Buzzati.

La fameuse invasion des ours en Sicile est le premier long métrage de Lorenzo Mattotti, renommé pour ses bandes dessinées et ses illustrations, dont de nombreuses couvertures pour le New Yorker. Les producteurs Valérie Schermann et Christophe Jankovic de Prima Linéa le fabriquent entièrement chez eux, aux 3.0 Studios, situés à Angoulême et Paris.

Pourquoi ce film ? "J’ai demandé il y a une bonne dizaine d’années à Lorenzo de faire un long métrage. Il m’a dit non jusqu’au jour où il m’a confié que le seul qu’il pouvait faire, et qui allait lui prendre plusieurs années de sa vie, serait La fameuse invasion des ours en Sicile de Dino Buzzati. Nous avons mis quelques années à obtenir les droits… Le livre, daté de 1945, est traduit dans de nombreuses langues et est toujours publié. C’est une histoire puissante et, justement, pas si simple à adapter. Nous avons fait appel à Jean-Luc Fromental, qui a déjà travaillé sur Loulou et autres loups, et Thomas Bidegain (scénariste de plusieurs films de Jacques Audiard, entre autres, passé à la réalisation avec Les cowboys, Ndlr), pour son premier essai en animation", a démarré Valérie Schermann.

"L’histoire est un peu compliquée car Buzzati la racontait à ses enfants. Elle se répète, elle est contée par quelqu’un. Pour l’adapter, nous nous sommes donc appuyés sur la tradition des cantastorie du Sud de l’Italie, des gens qui allaient de village en village et chantaient des histoires. Et nous avons créé le personnage de Gedeone. Il n’est pas seul, il est accompagné d’une jeune fille. Une des autres difficultés du roman était l’absence de personnage féminin. Nous avons imaginé Almerina. Ensemble, ils se baladent de ville en ville, ils n’ont pas d’argent, ils aperçoivent au bout d’un moment une grotte magnifique. Ils voient un ours qui dort et sur le point de se réveiller… Pour calmer ses ardeurs, ils ne trouvent qu’un seul moyen, lui raconter une histoire extraordinaire, celle de la fameuse invasion des ours en Sicile. Le roi des ours se fait enlever son fils par des chasseurs et va conquérir la Sicile pour le retrouver…", a présenté Thomas Bidegain, sans que tout le récit ne soit exposé lors de ce WIP. "J’ai essayé d’être le plus près de Buzzati, cependant, à la fin, nous l’avons trahi parce que la structure de l’histoire est compliquée, mais nous avons gardé la force de la narration", a ajouté Lorenzo Mattotti.

Thomas Bidegain prête sa voix à Gedeone. Le casting compte aussi notamment Leïla Bekhti, Jean-Claude Carrière (pour la voix du deuxième narrateur, en charge de la deuxième partie du récit), Boris Rehlinger, Thierry Hancisse (de la Comédie-Française), Jacky Nercessian et Arthur Dupont.

Pour l’esthétique du film, Lorenzo Mattotti est parti des dessins de Dino Buzzati illustrant son roman. "Buzzati fait partie de ma culture, il m’a énormément influencé quand j’étais jeune. Il était écrivain, dessinateur et peintre et a beaucoup illustré, en étant toujours visionnaire, avec de la magie, des légendes, des ex voto. Au départ, je voulais lui être très fidèle. Ses dessins sont naïfs, mais contiennent toujours des idées graphiques qui pouvaient être développées et influencer le style du film, sachant que ses personnages sont peu décrits dans le roman mais sont dessinés de manière naïve et mystérieuse", a-t-il indiqué. S’il a fait des dessins préparatoires crayonnés, il ne voulait pas de crayon dans son long métrage.

"On devait chercher l’esthétique en dialogue entre les idées de Buzzati et mon interprétation. Avec toute l’équipe, le film a petit à petit trouvé sa propre esthétique." Sachant que Lorenzo Mattotti cherchait quelque chose "hors du temps, le temps de la fable", en s’appuyant sur "une équipe extraordinaire", en se basant sur des dessins qu’il a voulu "naïfs et doux". Ses inspirations graphiques sont à la fois méditerranéennes, issues de la culture italienne, mais aussi de la métaphysique et du symbolisme qui ont beaucoup influencé Buzzati, ainsi que de la culture Mitteleuropa, qui a aussi imprégné le romancier. "Par exemple, la ville est plus inspirée de Prague que de Palerme." Un travail important a été fait sur les ombres et la lumière, "pour qu’elle ne coupe pas les images et qu’elle donne un côté magique", a précisé le réalisateur.

Christophe Jankovic a ajouté que ce sont presque différents styles d’animation qui sont associés à chaque personnage. Du coup, toute l’organisation de la fabrication du film a été construite autour des protagonistes. Les voix, comme pour tous les titres de Prima Linéa, ont été enregistrées très en amont, au moment de l’animatique, et leur interprétation a été filmée, afin que les gestes des comédiens puissent inspirer les animateurs. "Nous avons confié l’animation des personnages à des animateurs seniors. C’était nécessaire avec le mélange des styles d’animation justement."
D’abord envisagé en 3D, avec un pilote, le film a finalement été fabriqué en 2D avec quelques éléments de 3D, pour, par exemple, les fantômes ou le serpent. "Le travail sur la 3D nous a aidé aussi après pour les mouvements des ours. Mais il est très difficile de réaliser quelque chose hors du temps avec les techniques modernes aujourd’hui. Or je voudrais que quelqu’un qui voit le film dans dix ans ne sache pas de quand il date", a justifié le réalisateur. Pour la musique, il a fait appel à René Aubry, avec la volonté qu’elle "apporte de la légèreté dans un registre inédit, avec des balades, une musique qui donne l’impression de sortir des paysages du film".

La livraison du DCP est prévue en mars 2019.
Avec un budget de 12 M€, Prima Linéa produit La fameuse invasion des ours en Sicile avec, pour partenaires, Pathé, France 3 Cinéma, Canal+, Ciné+, le CNC, Media, les régions Île-de-France et Nouvelle-Aquitaine, la Fondation Gan pour le cinéma, la Procirep, l’Angoa et Wild Bunch pour les ventes internationales.

Sarah Drouhaud
© crédit photo :


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