Cinéma

Cannes 2022 – Farès Ladjimi, producteur de "Ashkal" : "Je fonctionne au coup de cœur"

Date de publication : 25/05/2022 - 10:00

Sélectionné par la Quinzaine, ce premier film est le deuxième long métrage tunisien présenté cette année au Théâtre Croisette.

Pouvez-vous nous présenter votre société ?
Créé en octobre 2020, Supernova film est née d’un désir de renouveau et de liberté, après avoir été associé dans une autre production au sein de laquelle j’ai produit une dizaine de long métrages depuis 2007. J’ai créé Supernova films pour produire des films Français et des films du monde avec un tropisme pour le cinéma de genre. Je ne souhaite pas non plus enfermer ma ligne éditoriale là-dedans, je fonctionne au coup de coeur et ce qui m’intéresse c’est d’accompagner des auteurs avec un point de vue affirmé et surtout découvrir des talents.
 
Aviez-vous coproduit les courts de Youssef Chebbi ?
Non je n’ai pas produit les court métrages de Youssef mais nous nous sommes rencontrés à l’issue de la projection de ses courts. J’ai été frappé par Les profondeurs, un film qui mets en scène un vampire qui rôde dans les rues de Tunis. On s’est vite rendu compte qu’on partageait le même désir pour le cinéma de genre.
 
Et vous avez coproduit avec Blast Film en Tunisie ?
Qui est une société que j’ai montée là-bas afin de développer et produire des films de la région Mena. Ashkal est le premier long de la société. il a été soutenu par le ministère des affaires Culturelles et le CNCI.
 
Quelles ont été les différentes étapes de production du film ?
Ashkal a été soutenu à l’écriture par Ciclic, le projet a participé aux Ateliers de coproduction de Namur, aux Ateliers de l’Atlas à Marrakech et à Qumra. Ces étapes de développement ont permis à Youssef de préciser sa vision mais aussi de beaucoup travailler en amont sur les repérages sachant que ce sont les décors qui ont inspirés l’idée du film à Youssef. Puis s’est joint à l’aventure Christophe Lafont via sa société de production basée en région Nouvelle Aquitaine, Poetik Film. Une fois que Youssef Chebbi et François-Michel Allegrini ont finalisé le scénario nous sommes partis en financement. Cela n’a pas été facile mais on sentait que le projet suscitait de l’intérêt. Nous avons terminé notre tour de table en participant au Venice gap financing.
 
N’est-ce pas de plus en plus dur de financer ce type de cinéma en France
Nous avons obtenu l’aide à la coproduction Franco-Tunisienne, l’aide du Fonds Image de la francophonie, de Doha Film Institute, du ministère des Affaires Culturelles en Tunisie et du CNCI. La région Nouvelle Aquitaine et le département de la Charente Maritime ont également soutenu le film. Nous avons lancé en parallèle notre recherche de financement en provenance du marché ce qui est moins évident pour ce genre de film, The Party Sales et jour 2 Fête ont assez vite et sur scénario pris la décision de piloter la vente et la distribution France; En Tunisie, Hakka Distribution avait aussi acquis les droits salle sur scénario. Et nous avons aussi reçu l’aide aux cinémas du monde et le soutien du Red Sea Film Fund. Il n’est effectivement pas facile de financer ce type de projets. C’est un vrai parcours du combattant, les dispositifs existent mais la concurrence est rude.

Au final quel budget avez-vous pu réunir ?
Nous avons pu réunir un budget avoisinant les 620 000 €.
 
Ou et quand avez-vous tourné ?
Nous avons tourné à Tunis, essentiellement dans un quartier qui s’appelle "Les jardins de Carthage". Nous avons démarré le tournage le 18 décembre 2021.

Difficultés particulières ?
Ashkal n’était pas un projet facile à tourner. L’essentiel des décors sont des chantiers abandonnés, les autorisations n’ont pas été simples à obtenir, et pour cause certains bâtiments de ce quartier appartenaient aux anciens caciques du régime sous la dictature, d’autres font face à des difficultés financières ou ont des démêlées avec la justice. Il fallait composer avec tout cela en plus de la difficulté de produire un film qui nécessite des effets visuels numériques et plateau avec un financement aussi modeste.
 
Le film a été terminé quand ?
Nous avons eu notre copie standard le 8 mai.
 
Cette sélection à la Quinzaine, a-t-elle une signification particulière pour vous ?
La sélection à la Quinzaine est tout d’abord une validation de la qualité artistique du film, j’ai toujours cru au talent de Youssef et je suis ravi que ce soit partagé. On est contents de montrer le film au public à la Quinzaine des réalisateurs qui est une belle rampe de lancement pour le film.
 
Il semble que territoire le plus intéressant en ce moment, sur le plan de l’émergence cinématographique, soit le Maghreb. La Tunisie est d’ailleurs très présente cette année à Cannes. Faites-vous le même constat ?
Effectivement ces dernières années on a vu arriver du Maghreb des projets très intéressants et assez loin de l’exotisme qui entourait les films de cette région il y a quelques années. Le cinéma de la région a pu se libérer du discours et enfin proposer des formes intéressantes. Enfin un cinéma qui ose s’éloigner des films à sujets, un cinéma qui ose aussi aborder le genre de façon originale et qui ose aussi se l’approprier. Plus largement les cinéastes de la région proposent désormais des gestes de cinéma sans se soucier de ce qu’on attend d’eux.
 
Avez-vous d’autres projets en cours ?
J’ai une dizaine de long métrages en développement, un line-up assez varié. Cela va d’un film Algérien sur un exorciste musulman (Roqia de Yanis Koussim qui fait d’ailleurs, partie de la sélection Frontière Proof of Concept de cette année au marché du film à Cannes), un premier film remarquable de Camille Degeye (une réalisatrice passée par la semaine de la critique avec son court métrage et Lauréate Next Step 2020). Je développe aussi le premier long métrage de Anne-Marie Puga et Jean-Raymond Garcia et poursuis ma collaboration avec David Perrault (dont j’ai produit les deux premiers long métrages). Avec Supernova films j’ai produit un très beau court métrage intitulé Voilà combien de jours qu’on lancera en festivals bientôt ainsi qu’un documentaire pour la salle intitulé Il neige à Sidi Bou Saïd en cours de montage image.

Recueilli par Patrice Carré
© crédit photo : The Party Film Sales_supernova Films_ Poetik film_Blast Film


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