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Cinéma

Disparition de la cinéaste Sarah Maldoror

Date de publication : 14/04/2020 - 13:00

Cinéaste engagée et pionnière du cinéma panafricain, Sarah Maldoror s’est éteinte le 13 avril 2020, des suites du coronavirus.

Née le 19 juillet 1929 Sarah Ducados, d'un père guadeloupéen (Marie Galante) et d'une mère du Sud-Ouest (Gers), elle choisit le nom d’artiste de Maldoror, en hommage au poète surréaliste Lautréamont et plus précisément à son œuvre Les Chants de Maldoror.

Elle fait ses premiers pas au théâtre, où elle fonde en 1956 Les Griots, la première troupe composée d’acteurs africains et afro-caribéens, "pour en finir avec les rôles de servante" expliquait-elle et "faire connaître les artistes et écrivains noirs". Avec sa troupe, elle mettra en scène les textes de nombreux auteurs comme Wifredo Lam, Aimé Césaire ou encore Jean Genet.

En 1961, Sarah Maldoror part à Moscou pour étudier le cinéma sous la direction de Mark Donskoi. Elle y apprend la conception du cadre, le travail en équipe et une disponibilité constante pour l’imprévu : "Toujours être prêt à saisir ce qui peut être derrière le nuage" disait-elle. Elle rejoint ensuite les pionniers de la lutte des mouvements de libération africains, en Guinée, Algérie et Guinée-Bissau aux côtés de son compagnon Mario de Andrade, poète et homme politique angolais, qui fut le fondateur du Mouvement pour la libération de l’Angola (MPLA) et son premier président. Cette dimension politique se retrouvera dans son œuvre composée de plus de 40 films. "Pour beaucoup de cinéastes africains, le cinéma est un outil de la révolution, une éducation politique pour transformer les consciences. Il s’inscrivait dans l’émergence d’un cinéma du Tiers Monde cherchant à décoloniser la pensée pour favoriser des changements radicaux dans la société", disait-elle.

Elle fait ses débuts cinématographiques à Alger, aux côtés de Gilo Pontecorvo sur La bataille d’Alger (1965), puis de William Klein pour le Festival panafricain d’Alger (1969), avant de réaliser son premier long métrage Monangambee (1969). Ce dernier adapté de la nouvelle de Luandino Vieira, Le complet de Mateus, traite de l’incompréhension entre le colonisateur et le colonisé, et lui vaudra de nombreux prix dont celui de meilleur réalisateur au Festival de Carthage. Suivra Sambizanga (1972), sur un scénario de Maurice Pons et Mario de Andrade, une des œuvres majeures du cinéma africain, multi-récompensé, qui lui permet d’assoir sa réputation internationale d’artiste engagée.

Outre la fiction, elle se tourne également vers le documentaire et dresse les portraits d’artistes comme la peintre et sculptrice Ana Mercedes Hoyos, les poètes Aimé Césaire et Léon G. Damas, la chanteuse Toto Bissainthe, ou encore le peintre Miro, le poète Louis Aragon et le couturier Emmanuel Ungaro.

En 2011, Sarah Maldoror est décorée de l'Ordre national du Mérite.

Océane Le Moal
© crédit photo : DR

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